Wahou, une telle diatribe envers le mode tramway m'oblige un peu à sortir de mon sommeil tellement c'est à côté de la plaque.
Je n'ai pas envie de défendre le projet présenté qui, à mon sens, me semble quelque peu bancal pour trois raisons :
- Opportunisme électoral (encore et toujours…) ;
- Projet qui ne donne pas l'apparence de s'inscrire dans une vision globale de développement des TC à l'échelle de la métropole voire au delà. J'en ai ras-le-bol de voir les aménagements récents défaits et refaits au gré des besoins définis par les projets du moment (une fois tous les 6 ans, comme c'est étrange). Ici on semble plutôt chercher à bidouiller avec l'existant (bifurcation du "Métrobus" vers la gare Saint-Sever) et avec les opportunités du moment (SMR à Déville sur la friche Vallourec). Néanmoins le besoin de développement du tramway (qui ne doit plus être un tabou) impliquera forcément, quels que soient les projets définis, des nécessités de phasage pour maintenir une continuité de service a minima décente pendant les travaux et avec possiblement des ruptures de charge pas très commodes au cours du développement du réseau.
- L'option trolleybus balayée d'un revers de la main alors que la technologie a eu droit à son dépoussiérage notamment grâce à l'IMC. Une option qui pourrait mériter une attention particulière sur certains axes type lignes Fast.
DeReimsàSouillac Wrote:1) La desserte
C'est vrai que ça marche tellement bien de voir des bus en permanence bondés qui mettent une plombe à repartir du TDA alors que d'autres bus s'impatientent derrière

Plus sérieusement, c'était un choix déjà malheureux dès l'aube de ce projet, justifié politiquement par un impératif économique. Une dépense d'investissement qui manque totalement de vision à long terme sur les besoins de capacité et qui finit par coûter très cher en dépenses de fonctionnement. Sans parler de la facture énergétique et écologique de voir tous ces bus thermiques rincés sillonner les centres-villes sachant que les Ebusco se font attendre depuis bien trop longtemps, ce qui dénote fortement avec les prétentions politiques de la mandature actuelle. Le résultat étant qu'on va devoir reprendre complètement à terme une grande partie de ces aménagements.
Niveau accessibilité, nul besoin d'un guidage optique en station indisponible la moitié du temps sachant qu'une paire de rails implique alors d'avoir un transport guidé physique très précis. Une idée mise en œuvre depuis deux siècles, c'est dingue quand on y repense

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Mais les politiques préfèrent évoquer l'idée plus flatteuse d'un TEOR "victime de son succès"

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L'offre sur les trois lignes historiques diverge car chacune a ses propres besoins, ce qui empêche la mise en œuvre d'un inter-cadencement sur le tronc commun, donc provoque des déséquilibres de charge en permanence et amène par conséquent des difficultés d'exploitation avec un bus en souffrance, sans cesse ralenti en station, suivi de bus qui ne prennent que quelques miettes et ainsi de suite. Qui plus est la projection future en terme d'offre tend vers un renforcement de la ligne T2 qui serait alors un espèce d'entre-deux entre la très fréquente T1 et la moins fréquente T3, ce qui ne va absolument pas arranger les choses. À cela va s'ajouter la ligne T5 à la fréquence très inférieure à la ligne T1 entre le PEMR et Mont-Saint-Aignan.
L'idée d'un tronc commun n'est pas forcément mauvaise mais seulement à deux conditions :
- Soit la desserte interne du tronc commun lui-même ne représente pas une charge importante en terme de flux ;
- Soit les lignes sont strictement inter-cadencées, chacune ayant à assumer des flux équivalents sur les branches.
Évidemment le cas du tronc commun TEOR ne respecte absolument aucun de ces principes.
DeReimsàSouillac Wrote:là où un BHNS peut mixer site propre et voie mixte avec voitures, c'est beaucoup plus difficile pour un tramway
Une contrainte qui pousse à faire un vrai TCSP, très salvateur au quotidien pour garantir la robustesse d'exploitation. Quant aux sites mixtes tramway-route, on sait faire mais cela doit être étudié avec une très grande précaution.
DeReimsàSouillac Wrote:2) Les travaux réguliers : un tramway nécessite beaucoup d'entretien et donc des travaux réguliers. Le T1 roule actuellement de 4h30 à 2h du matin, une telle amplitude paraît pratiquement impossible pour un tramway où des travaux d'entretien se font régulièrement la nuit. Si des travaux en journée doivent se faire, certaines voies empruntées étant en sens unique pour les voitures, les solutions de repli vont être difficiles à être mises en oeuvre.
Des travaux bien planifiés se font durant la période creuse de l'été, les bus de substitution assurant alors correctement le relais. Le cas des voies routières en sens unique est une gène marginale et cela peut s'étudier en amont pour y pallier. Quant à l'offre nocturne de transport, la charge est suffisamment faible pour proposer si nécessaire une substitution bus sans difficulté particulière.
DeReimsàSouillac Wrote:3) La vitesse commerciale : un bus mettant moins de temps au démarrage, à freiner et dans les virages qu'un tramway
Les performances en terme d'adhérence sont certes moindres par rapport à un bus, elles n'en restent pas moins très suffisantes en exploitation commerciale. L'idée n'est pas d'avoir une fusée au décollage mais d'avoir suffisamment de m/s² pour assurer le compromis entre vitesse commerciale, confort et sécurité. Sur l'aspect confort le tramway a par ailleurs peu de chances de subir des nids de poule ou des ornières…
En automne le problème des feuilles mortes se résout avec un plan d'action régulier de nettoyage du rail. En hiver la neige n'amène quasiment jamais d'interruption de service contrairement aux bus où ils sont à la peine.
Le cas des courbes est un sujet épineux. Si l'autorité organisatrice a suffisamment de jugeotte pour définir une desserte intelligente en évitant de pondre un tortillard avec des stations trop rapprochées, alors le tramway aura des chances d'être supérieur. Qui plus est un bus ne va pas non plus aborder ces mêmes courbes à toute berzingue, surtout s'il est très chargé.
La vitesse commerciale inclut également les atouts inhérents au tramway : matériel roulant avec une longueur et un nombre de portes théoriquement illimités. Un Citadis 405 avec une capacité plus que doublée par rapport à un bus articulé, huit portes double et un aménagement intérieur homogène sur toute la longueur sera infiniment plus efficace pour les flux d'échange en station. Hélas dans un bus articulé la remorque est souvent boudée pour diverses raisons et les flux d'échange ne sont pas optimaux malgré les quatre portes.
À capacité équivalente, on peut a minima diviser par deux le besoin en matériel roulant, ce qui réduit largement la pression sur un site saturé. L'idée étant bien entendu de s'assurer des marges d'évolution d'offre assez conséquentes pour éviter si possible une nouvelle saturation à terme.
Avec tout cela il ne faut pas oublier un paramètre important : que la collectivité gère son budget en "bon père de famille" avec des coûts de fonctionnement réduits autant que possible. Je me risque à une simplification excessive mais un tramway, face à deux bus, c'est deux fois moins de masse salariale, une efficacité énergétique largement supérieure (même face à un bus électrique, trolley ou non), moins de pollution aux particules fines (bande de roulement et freins) et une attractivité supérieure pour espérer le report modal.
DeReimsàSouillac Wrote:4) La souplesse : un tramway en panne et toute la ligne est bloquée, là où si un bus tombe en panne, la reste de la ligne peut suivre.
C'est un problème sur une ligne isolée, moins si celle-ci fait partie d'un maillage réseau complet. Évidemment le tramway sera toujours moins souple sur les cas dégradés. Néanmoins il est observable que le matériel tramway est moins sujet aux pannes immobilisantes que le matériel bus.
DeReimsàSouillac Wrote:Il me semble que la solution des bus à 24m est largement meilleure.
Étant donné les travaux conséquents pour rallonger les stations de seulement six petits mètres (voire douze si on maintient le principe des quais aptes à accueillir deux bus), ce serait un investissement mal avisé. L'accroissement de capacité sera très vite insuffisant pour répondre aux besoins.
Je ne connais pas le cas rémois en particulier mais la réimplantation du tramway dans beaucoup de grandes villes semble faire l'unanimité. Ceci à condition que l'offre réponde à la demande. Par exemple à Bordeaux il semble devenir sous-capacitaire compte tenu de l'absence d'un métro et à Tours les projets de développement ne font pas consensus.
Toulon est un triste exemple de ville sans axe structurant et elle brille surtout par l'omniprésence persistante de la voiture individuelle faute d'une alternative performante et attractive.