par Urbino » 23 Jan 2024 21:39
Merci pour le partage de cet article très intéressant... et alarmant. Évidemment, SNCF en dément le contenu mais lorsque les hypothèses évoquées dans ce fil sont mises en parallèle avec le contexte dans lequel le chemin de fer français se trouve ; une fumée assez épaisse s'échappe de la Plaine St-Denis.
Le Président de la République promet de développement, notamment au travers du spectre des "RER Métropolitains". En parallèle, le réseau ferré est largement obsolète et nécessite d'importants investissements pour être remis à niveau. Ce, alors que les caisses de l'Etat sont vides. Dès lors, le seul moyen disponible pour financer ces chantiers est de s'appuyer sur la capacité contributive de SNCF.
Or, cette dernière est déjà largement mise à contribution au travers de péages aux montants stratosphériques et des prélèvements sur les bénéfices de SNCF Voyageurs. Il y aurait évidemment des progrès à faire en matière de productivité, mais cela ne répond pas à un besoin de financement immédiat. Les négociations sociales nécessaires pour y parvenir constituent une résistance au changement que seul le temps pourra vaincre. Dès lors, le seul moyen pour accroître les bénéfices de SNCF consiste à accroître son offre sur les relations les plus rentables.
En l'absence de livraison imminente de nouvelles rames, la seule solution consiste à redéployer des rames dont le taux de remplissage est aujourd'hui plus faible et/ou dont le parcours commercial comprend de longues sections à vitesse réduite qui augmentent le temps de révolution des rames, c'est-à-dire celui avant lequel une rame devient disponible pour assurer une nouvelle mission aller-retour. En calculant un rapport d'élasticité temps de trajet - à la demande, SNCF estime sans doute que les quelques pertes de voyageurs sur les relations délaissées seront compensées par les importants gains faits sur d'autres.
Les liaisons évoquées, "Paris-Arras, Paris-Dijon, Paris-Chambéry, Paris-Metz-Nancy, Paris-Grenoble, Paris-Annecy, Paris-Reims, Paris-La Rochelle" en sont des exemples typiques. Ces agglomérations - pour certaines effectivement éloignées des LGV de référence - sont typiques de bassin de population qui sont de taille à exiger une relation rapide avec Paris (donc avec peu d'arrêts) mais qui ne génèrent pas à elles seules des flux suffisants pour remplir des missions sans opportunités de cabotage. Quand s'y ajoute une fréquentation majoritairement portée par des abonnées, le cocktail devient mortifère.
En revanche, il est amusant de noter que les relations vers la pointe bretonne ne sont pas mentionnées. Sans doute sont-elles sauvées par les conventions signées de longue date avec la région Bretagne. Espérons que M. Neugnot - qui s'inquiète de collectivités qui cèderaient au chantage de SNCF pour le maintien de ses relations - ne découvrira pas trop vite l'existence de cette convention, il risquerait de se sentir très mal subitement.
Malheureusement, je ne vois pas dans l'Assemblée Nationale de députés ayant le poids politique et la maîtrise technique pour s'emparer de ces sujets de fonds... Devrons-nous bientôt renommer ce sujet "Comment l’État vous a fait détester le train" ? Rien n'est moins sûr.
Urbino
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