chris2002 Wrote:Il n'y a pas que des questions d'entretien à prendre en compte.
Par exemple, il y a fort à parier que les dégâts ne concernent pas que la dalle où sont posés les voies, mais aussi les cheminements latéraux eux aussi en béton, et là une voie en ballast n'aurait rien changé.
En plus, je serai curieux de voir les dégâts que du ballast projeté par le train déraillé aurait pu faire sur les parois du tunnel, et les équipements s'y trouvant. A mon avis, cela aurait encore aggravé les choses par rapport à ce qui s'est déjà passé dans le tunnel.
De même, est-ce qu'en exploitation normale, avec des trains circulant à V200 (voir plus, même si la majorité des trains ne dépassent pas les 200 km/h), est-ce qu'il pourrait y avoir des risques de projection de ballast, soit par ricochet contre la rame elle-même, soit contre les gaines techniques situées le long du tunnel ?
Les arguments en faveur ou en défaveur de la voie ballastée ou de la voie sur dalle n'ont pas fini d'alimenter les débats d'experts. En tunnel, le recours à la VSD (rappelons nous la pose STEDEF) est assez ancien même si un certain nombre d'ouvrages récents demeurent posés sur ballast, y compris sur des LGV (cf. les tunnels des LGV Rhône-Alpes et Méditerranée par exemple, parcourus à 300 km/h - on n'est pas en trafic mixte bien sûr - mais aucune ligne mixte n'est parcourue à ce jour à cette vitesse dans le monde, à ma connaissance). Les effets d'un déraillement à grande vitesse liés aux projections de ballast seraient certainement assez importants au niveau du matériel (et potentiellement des passagers) et de certains équipements fixes (la dégradation du béton des voussoirs, vu leur épaisseur, ne me semble pas le problème n°1, plus encore avec des circulations à vitesse modestes comme celles d'un convoi fret). L'absence (sur ces ouvrages parcourus à vitesse élevée) d'appareils de voie et le contrôle de la stabilité des essieux et de la température des boites sur la matériel GV (désormais réalisé de manière continue pour les seconds), de même que le suivi bien plus pointu comparativement aux wagons les plus courants, limitent fort heureusement le risque d'un tel scénario. Par contre, je ne suis pas certain que le comportement qu'un essieu ou bogie déraillé sur une VSD serait forcément moins "chaotique" sur une voie ballastée. Pour l'intervention des secours, disposer d'une VSD est clairement un avantage mais ce n'est qu'un des critères à prendre en compte.
Quand le déraillement survient sur une voie ballastée, même lourdement dégradée, on la remplace quitte à prélever les constituants sur ceux prévus pour un RVB que l'on reprogrammera en conséquence. Mais c'est presque toujours à l'extérieur, donc dans un contexte moins défavorable.
Pour revenir à l'accident survenu dans le tunnel de base du Gothard, je suis surpris qu'aucun système au sol contrôlant le comportement des bogies n'ait été installé pour les convois de marchandises, vu le risque accru de déraillement et la difficulté pour le conducteur percevoir un déraillement tant qu'il est concentré sur un ou deux essieux. Sans doute les enseignements tirés conduiront à compléter les équipements de sécurité de l'infrastructure en conséquence.