ewen Wrote:Le désenclavement par d'importantes infrastructures routières et/ou ferrovaires ne marche pas : on assiste dans tous les cas à des effets dits "tunnels" : des infrastructures qui passent sans s'arrêter et qui ne desservent pas la population. C'est le cas de la A75, à l'écart de la population des vallées des Causses qui sont contraintes d'évoluer sur un linéaire encore dégradé avec une autoroute qui leur passe dessus.
L'A75 ne dessert certes pas directement chaque vallée, mais elle reste quand même assez efficace pour connecter entre elles les principales villes qui la bordent (contrairement à l'A89, j'y reviendrai ci-après)
D'une manière générale, elle a aussi permis de faciliter l'accès aux territoires du Massif Central qu'elle traverse et de les rapprocher des grandes métropoles (Clermont, Montpellier). Et cela participe à la perception de désenclavement que les populations locales peuvent avoir.
Reste malgré tout des lacunes en matière de transport collectif, auxquelles seule une rénovation de la ligne des Causses, avec développement de l'offre rachitique existante, pourrait répondre efficacement.
Moderniser la RN ne va rien désenclaver, cela va seulement améliorer les conditions de circulation entre Toulouse et Auch, rien de plus.
Je n'ai pas prétendu le contraire, car le plus gros du travail a déjà été fait sur la N124. A celà s'ajoute quand même l'aspect sécurité routière, évidemment non négligeable.
Dans la vision que j'ai de l'aménagement du territoire (que vous qualifierez peut-être de "réactionnaire"), j'estime qu'une préfecture (Auch) située à 100 km de sa capitale régionale (Toulouse), pôle économique et industriel de premier ordre en France, mérite d'y être reliée par une desserte ferroviaire attractive (cadencée à l'heure en HC, à la demi-heure en HP) ET par une infrastructure routière de qualité (2x2 voies de type autoroutier continue).
Celles-ci souffrent vraiment d'un enclavement, d'un désertification... que la modernisation conséquente des infrastructures routières n'a jamais suffit à enrayer. Celles-ci patissent d'ailleurs d'un lien ferrovaire qui s'affaiblit d'années en années. Un lien qui se révèle important même si le train n'est pas fréquenté : voir la vératible descente aux enfers des territoires traversés par l'ex-ligne Ussel-Volvic, et ce malgré l'autoroute A89.
La modernisation des infrastructures routières seules n'arrive pas à enrayer le déclin de ces territoires, mais il en est de même pour les infrastructures ferroviaires seules. Chaque mode répond à des besoins différents et il est important d'en assurer le développement de façon parallèle, en toute intelligence, et arrêter de voir l'un comme le concurrent de l'autre.
Quant à l'A89, elle a plus été conçue en tant qu'axe d'envergure nationale (Bordeaux - Lyon) que locale : en témoignent son tracé éloigné des villes et la distance conséquente entre chaque échangeur (bien plus que l'A75). Et le péage diminue d'autant plus son attractivité pour les déplacements locaux.
Donc oui, l'A89 a beaucoup apporté à l'échelon national, mais très peu à l'échelon local, et est bien plus comparable à une LGV qu'à une ligne de desserte fine du territoire...