BBreteau Wrote:Bonour Terminus et tout le monde
Cette belle carte postale permet de voir que la marque Chausson est omniprésente sur la place de cette gare routière et partout en France.
Un Chausson Grec à Athènes.On peut remarquer que le capot de ligne est plus carré que sur les Chausson urbains en général.
Qualité moyenne de la photo
Des capots d'aération tout le long sur le toit.
Bon week-end.
Bernard

Bonsoir Bernard, etc.
En 1972 j'étais allé en Grèce et, depuis un car de tourisme qui allait du Pirée à Athènes — distants d'environ 9 km de centre à centre — j'avais aperçu un autobus Chausson APV ou SC4 semblable (rêvons un peu : c'était peut-être celui de la photo…).
Il était dans une livrée très proche de celles de la RATP et d'Orléans-TREC : haut crème, bas vert foncé. Voici une autre photo de Chausson, le titre du fichier et la légende qui indique :
« les bus verts du Pirée dans les années 60 » (traduction automatique) suggèrent qu'elle a été prise au Pirée :
On y voit une grille supplémentaire pour le radiateur, sous le pare-brise. Le capot de ligne semble standard, différent de la photo montrée par Bernard. Mais en France aussi des Chausson ont été livrés avec des capots de ligne non standards.
Les aérateurs, sans doute efficaces, ne sont guère beaux. Il y en avait de semblables sur des Chausson de Grenoble-SGTE et du Havre-CGFTE. Sur un plan technique d'autobus Chausson du Havre ils sont nommés
« aérateurs statiques Le Parisien. »Cette photo se trouve sur ce site consacré aux transports d'Athènes (mais c'est en grec !) :
À l'époque il y avait plusieurs exploitants dans l'agglomération d'Athènes :
– le principal réseau : des autobus gris très clair/bleu moyen (genre bleu Air France), très majoritairement des Volvo, si je ne me trompe pas ; ils avaient peut-être été carrossés en Grèce, mais c'est à vérifier ;
– des trolleybus jaunes, dont des Alfa-Romeo 140AF (*) à trois essieux (et d'autres à deux essieux, peut-être des Lancia) et aussi des caisses assez brutes aperçues au Pirée : des Fiat 656F (**). Beaucoup de ces trolleys avaient pris de gros gnons et la tôle était rouillée dans les parties abimées ;
– ces autobus Chausson en crème et vert foncé, probablement dans la zone du Pirée.
Il y en avait peut-être d'autres. Tous ceux que j'ai vus étaient exploités avec deux agents (je le suppose aussi pour les Chausson, mais c'est très vraisemblable).
Ça vaut le coup de regarder cette photo tirée de Wikipedia (
https://it.wikipedia.org/wiki/ILPAP). Son auteur est Aled Betts (Bettsy sur Flickr).
Qu'y voit-on ? D'abord un trolleybus Fiat 656F, mais aussi, plus loin à gauche, un Chausson crème et vert. La photo a été prise au Pirée, en 1981, semble-t'il :

Je me souviens de trajets dans les bus gris et bleus : la conduite était très sportive, en pleine ville on se couchait ferme pour virer dans les carrefours et les voyageurs debout devaient se cramponner dur aux poignées. Dans les bus et autocars grecs il y avait, dans le voussoir au-dessus du pare-brise, comme un petit sanctuaire avec des images pieuses (et des photos d'équipes de foot), des croix et chapelets, et aussi des petites ampoules de couleur qui brillaient. Les chauffeurs se sentant ainsi protégés conduisaient comme des dingues, même en montagne : dans les virages serrés des routes de corniche bordées d'une paroi rocheuse ils dépassaient sans visibilité. Ou bien, roulant au milieu et klaxonnant, ils découvraient soudain en face une charrette tirée par un âne, qu'il fallait croiser. Curieusement ces animaux ne semblaient pas paniquer. Dans les routes en épingle à cheveux les roues du car mordaient la berme au raz du précipice, nous offrant une vue plongeante sur une vallée profonde, mais nous n'en demandions pas tant.
Dans le Péloponèse je m'étais trouvé dans un car, un Magirus Deutz, qui en ligne droite avait croisé un camion chargé d'énormes blocs de pierre. C'était sur une route de moins de six mètres de large, dont la chaussée faisait une forte marche sur l'accotement assez bas. Aucun des deux chauffeurs n'avait molli — c'étaient des mâles alpha, sévèrement burnés — et les deux véhicules, roulant à vitesse moyenne, s'étaient cognés par l'avant gauche. Notre car, dévié, avait descendu la marche du bitume et avait fait un tonneau complet sur ses quatre faces, sur un terrain en pente assez forte, jonché de gros rochers. Le car était du côté de la pente descendante. Au début, quand il se coucha sur le flanc droit, le mouvement fut lent et mou, mais ensuite, à chaque rebond, le mouvement s'accéléra avec une forte progression, amplifiée par la pente. Heureusement, comme par miracle, un vieux poteau télégraphique en bois se trouvait là, il bloqua le car retombé sur ses roues, arrêtant à la fois la course et le tonneau. Il n'y eut que des blessés légers grâce aux vitres latérales qui avaient quasiment toutes tenu le coup (mais les pare-brise avant et arrière avaient explosé). Ainsi le toit ne s'était pas affaissé lors de la 2e phase du tonneau, ce qui a dû nous sauver car sinon il est vraisemblable qu'il y aurait eu des morts : le terrain était une longue pente assez forte et de gros rochers se trouvaient sur la trajectoire. Et le poteau télégraphique aurait pu se coucher ou se briser… Vous avez vraiment eu de la chance : j'ai failli ne pas être là pour vous raconter des souvenirs de Chausson et de trolleybus hellènes…
Sans compter que sept ans plus tard, en 1979 entre Chester et Londres, dans un car Bristol de la National Bus Company — où nous n'étions que sept et qui roulait bien à 130 ou 140 sur une autoroute vide — nous sommes rentrés tous freins bloqués dans un bouchon aperçu trop tard ; il était causé par des travaux. Sur une voiture de police garée à gauche un écran clignotait pour l'annoncer, le conducteur et moi le vîmes avec surprise au dernier moment, peut-être 200 mètres avant l'impact ; cette autoroute presque vide un dimanche après midi était un peu soporifique, la vigilance était en pause. Mon épouse et moi étions aux deux premières places à l'avant, elle se tenait debout dans le couloir, affairée avec un bagage, je l'ai rattrapée et agrippée de toutes mes forces pour qu'elle ne soit pas éjectée à travers le pare-brise. Ouf, pas de mal dans le bus, mais au moins un sérieux coup du lapin dans une des trois voitures carambolées. Arrivés à Londres à l'énorme gare routière de Victoria — un autre bus National venant d'ailleurs et bloqué par l'accident nous avait accueillis — nous méritions bien un whisky ou deux dans un pub, pour le réconfort. Pas de bol ! C'était un dimanche, 23 heures étaient passées, la cloche avait sonné, on ne servait plus d'alcool… C'était au cours d'un périple en 1979, un tour de la Grande-Bretagne, via le Pays de Galles, l'Écosse et Londres, que nous fîmes sans voiture, par des trains hors de prix et des cars 50 % moins chers, comme en France aujourd'hui.
Mais revenons à nos réseaux : il y a eu aussi à Athènes des trolleybus Biamax F600 en 1962. Je viens de découvrir ce type de trolleys que j'ignorais jusqu'à aujourd'hui ; sa livrée en deux tons fait penser qu'il appartenait au même parc que les autobus gris et bleus :
Les bus gris clair et bleu, et aussi les trolleys jaunes, figurent dans le film
Le Casse, d'Henri Verneuil, en 1971, avec Belmondo et Omar Sharif :
— Belmondo et les bus :
— Belmondo et les trolleys Alfa-Romeo :
La célèbre course-poursuite en bagnole dans les rues d'Athènes, avec Belmondo et Omar Sharif :
Je ne dis pas ça pour plastronner, mais, lors de notre périple en car par le Péloponèse, nous n'avions pas été doublés pour les cascades. Finalement, Belmondo n'avait pas fait mieux.
Pour ma part, debout dans le fond, je m'étais agrippé d'une main au siège devant moi et j'avais fait un tonneau dans le vide du car, qui faisait lui-même son propre tonneau. Cramponner la poignée du siège était devenu intenable, l'ayant lâchée je m'étais retrouvé projeté de tout mon long, le dos sur les nez des marches de l'allée.
Le car arrêté, il y eut un long silence et pas trop de cris, nous étions heureusement retombés sur nos roues. Il n'y avait heureusement pas de blessés graves, au pire des tassements de vertèbres, mais pas de fractures. Mais par la fenêtre brisée près de la porte avant, une jeune fille avait été éjectée et avait vu le car manquer de l'écraser sous son flanc droit. Elle n'eut sans doute que des contusions et des griffures. Heureusement, le poteau télégraphique était juste là…
Que les nombreux inventeurs du télégraphe et du téléphone soient remerciés à jamais ! Grâce à eux il a fallu planter des poteaux en bois parfois providentiels.
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(*) trolleybus Alfa-Romeo :
(**) trolleybus Fiat :
Voir également ce site sur les trolleybus italiens :
https://it.wikipedia.org/wiki/Modelli_di_filobus_italiani#Fiat