Arnaud68800 Wrote:Est-ce vraiment interdit d'aimer le train sans être anti-bagnole ?

Non, aimer le train n'est pas suffisant pour être anti-bagnole. Les 2 domaines peuvent très bien se rejoindre sur le plan de la technique par exemple. J'ai aimé le train avant d'entrer au CP et je n'ai pris conscience des méfaits de la bagnole qu'à 29 ans.
Le sujet brûlant ici concerne un ensemble de choses : le réseau ferré menacé par la fermeture des "petites" lignes (car la menace ne se limite pas à ces lignes mais se répand conséquemment), la façon dont on gère les trains (et les lignes) mal rempli(e)s et la complémentarité entre les différents modes de transport.
En plus de cela, il y a une prise de conscience des pollutions dues aux transports en général et de l'impact particulièrement négatif du fret routier et de l'automobilisme individuel. Les externalités négatives de la route coutent très cher et ne se limitent pas à la pollution aux particules fines ou à l’émission de CO2. Ce fut un choix de société d'imposer la voiture et de créer les conditions nécessaires pour la rendre indispensable : adaptation de la ville à la bagnole, étalement urbain et ségrégation spatiale (zonage par type d'activité). De fait, le système automobile a très rapidement été auto-renforçant en créant lui-même les conditions qui justifiaient sont apparition. La voiture individuelle est ainsi devenue la meilleure réponse à un problème qu'elle a mis en place : l'éloignement. Par exemple, la possibilité de rassembler les commerces dans de grandes zones périphériques a créé cet état de fait et vidé petit à petit les centre-villes et les villages. Les plus grandes villes résistent car elles ont déjà une part assez importante de leur population détachée de la bagnole, au moins par la force des choses.
Je ne connais pas le fond de la pensée de Lady Hidalgo, ni même de Tibéry ou de Chirac avant lui, mais réduire la dépendance à la voiture individuelle (et pas seulement à Paris, sinon ça n'aurait aucun sens) est une nécessité pragmatique et certainement pas une posture idéologique. Il ne s'agit nullement d'éliminer toutes les voitures mais de changer notre mode de pensée. Aujourd'hui, le système automobile constitue l'alpha et l'oméga de notre manière d'envisager notre société. En conséquence, il est difficile de concevoir un déplacement de A à Z en transports en commun (même en y incluant le vélo et la marche dans des délais raisonnables). Et ce qui apparait comme une évidence (en tout cas pour moi) c'est qu'on ne lutte pas contre l'engorgement routier dans les grandes agglomérations si l'on ne prône pas en même temps le train en milieu rural. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, de bons rabattements par autocar sont bien sûr indispensables. Et même avec ça, personne ne pourra être empêché de prendre une voiture si ça lui chante, alors que le train, actuellement, c'est une autre histoire...