Affrontements entre supporters lyonnais et marseillais : “J’ai vu des gars passer sous les roues du bus, c’était effroyable”
Joahn Silvestri, capo et responsable Bad Gones depuis 15 ans, a assisté à la bagarre survenue samedi au péage de Bollène.
Du moins à la fin de cette dernière puisqu’il était dans l’un des deux bus arrivés en catastrophe pour aider la vingtaine de Lyonnais aux prises avec "80 Marseillais". Après avoir réagi à chaud sur RMC, il a choisi LyonMag.com pour donner le point de vue des Bad Gones sur ce qui s’est passé dans le Vaucluse.
"Notre convoi de trois bus se dirigeait vers Nice samedi et nous avons appris que le match était reporté au lendemain, se souvient Joahn. Deux de nos bus ont pu prendre une aire d’autoroute et faire le point. Le troisième n’a pas eu l’information, a tiré tout droit et a pris la première sortie d’autoroute pour faire demi-tour. La première sortie, c’était Bollène".
Le Lyonnais réfute ainsi les accusations des South Winners. Le groupe de supporters marseillais indiquait dans un communiqué qu’il s’agissait probablement d’un guet-apens, "Bollène étant un point de ramassage d’une section de supporters marseillais et stéphanois".
"En arrivant à proximité du péage, le bus lyonnais a été doublé sur la bande d’arrêt d’urgence par un car marseillais, reprend Joahn. Des deux côtés les gens se sont invectivés, des couteaux ont été présentés dans le bus marseillais. Couteaux de cuisine ou pour couper le pain, ça je ne peux pas le préciser. Après de multiples provocations, les gens sont sortis des bus et ca a donné lieu à des affrontements.
Seule une vingtaine de Lyonnais est sortie puisque dans nos bus, on répartit les supporters du noyau dur des Bad Gones et les adhérents plus généraux. Il y avait donc une trentaine de personnes qui n’avaient pas l’habitude de se déplacer et qui ne sont donc pas descendus".
Durant plusieurs minutes, les deux groupes vont se battre, sans le savoir devant l’objectif d’un vidéaste amateur. Avertis par téléphone, les Bad Gones des deux autres bus décident de foncer sur Bollène.
"Quand nous les avons rejoints, notre première réaction a été de leur prêter main forte. Nous avons pu les repousser vers leur bus, notamment avec l’aide de la gendarmerie qui a fait du très bon travail. Les deux bus des supporters marseillais ont pris la fuite. Et le minibus a renversé cinq à six personnes. J’ai vu de mes propres yeux des gars passer sous les roues des véhicules, une vision assez effroyable."
Le bilan est lourd, seize supporters lyonnais ont été blessés, dont deux grièvement. "Côté marseillais, un seul a été touché et légèrement. Donc la question principale qu’on peut se poser c’est comment des gens soit-disant "armés jusqu’aux dents" peuvent se retrouver avec autant de blessés dans leurs rangs ?", demande Joahn.
Rentrés en catastrophe à Lyon après avoir été entendu par les enquêteurs, les Bad Gones ont ensuite pris le temps d’aller chercher leurs blessés disséminés dans cinq hôpitaux.
"Finalement il s’avère que pour celui qui nous inspirait le plus de crainte, qui était passé sous les roues du bus, ses genoux ne sont pas cassés et il a pu sortir debout. On a aussi quelqu’un qui s’est fait opéré dimanche matin pour une blessure au couteau. Les tendons d’un de ses doigts avaient été sectionnés."
"Déçus, comme ceux qui ont vu les images"En apprenant la nouvelle puis en visionnant les images, le public amateur de ballon rond avait été majoritairement choqué. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a même indiqué que "le football était toujours malade". Mais du côté des South Winners comme des Bad Gones, le constat n'est pas le même : "Notre priorité, c’était de s’occuper de nos blessés. Nous ne nous sommes pas lancés dans une campagne médiatique à outrance. Nous communiquerons dans les temps nécessaires, annonce Joahn. Mais il est évident que quand on se met à la place des gens qui étaient en voiture, ils ont du avoir une très grosse frayeur. On ne peut que s’excuser auprès de ces gens-là.
Concernant l’image du football, "le foot en prend un coup, il est malade", il ne faut pas tout mettre sur le dos du football. Ce n’est pas ce que nous vivons au quotidien. Nous sommes déçus, comme ceux qui ont vu les images."
Désormais les Bad Gones ont resserré les rangs en attendant sereinement les conclusions de l’enquête. L’Olympique Lyonnais pourrait même se constituer partie civile. C’est la seule priorité, pas même le prochain OL-OM. "Comme d’habitude, nous serons en tribunes, à préparer nos animations… (…) Les Bad Gones ne sont pas des ultras. Nous n’avons pas vocation à provoquer des débordements".