La SNCF se prépare à une année 2013 difficile
Le budget du groupe pour l'an prochain doit composer avec la conjoncture.
Un « plan de performance » est lancé pour dégager 150 millions d'économies.
La SNCF se prépare à une année délicate. Alors que l'Autorité de la concurrence la somme de modifier sa comptabilité dans le fret et que le gouvernement prépare une réforme stratégique pour le secteur, l'établissement public doit de surcroît composer avec la crise économique, qui commence à peser sérieusement sur son activité. Le budget 2013, qui doit être examiné demain par le conseil d'administration, s'en ressent.
Selon nos informations, la progression du chiffre d'affaires envisagé au niveau du groupe (qui devrait atteindre 33,8 milliards fin 2012) serait inférieure à 2,5% l'an prochain, bien que le plan stratégique 2012-2017 prévoie une hausse moyenne de 3,5% par an. Signe d'une conjoncture maussade, l'ensemble de l'activité de transport de marchandises (la branche SNCF Geodis) serait en recul, la déprime ne se cantonnant plus seulement au fret ferroviaire. Le trafic de trains de voyageurs ne serait lui qu'en légère hausse (+ 1,7%). Le budget devrait traduire le ralentissement de l'activité TGV, assez nette depuis la rentrée. La tendance est surtout sensible au niveau de la première classe, le segment d'activité le plus rentable, qui souffre des mesures d'économies des entreprises sur leurs voyages d'affaires. Seule l'activité de la branche SNCF Infra, dédiée à l'infrastructure, aurait une progression de chiffre d'affaires importante du fait de la poursuite du plan de modernisation du réseau.
De surcroît, le groupe devra faire face à une hausse de ses charges, qu'il s'agisse du coût de l'énergie ou encore des péages ferroviaires (+ 200 millions par rapport à 2012, dont 55 millions pour les seuls TGV). Et le niveau des investissements reste très soutenu : 2,5 milliards en 2013 et 2014, du fait notamment de l'accroissement du parc TGV, avec la livraison l'an prochain de 16 rames duplex.
Contenir les coûts
Dans ce contexte, l'ambition de la direction du groupe est de maintenir la marge opérationnelle proche des 3 milliards, un niveau déjà atteint cette année. Pour y parvenir, la direction va lancer un « plan de performance » portant sur les frais généraux, les achats, les systèmes d'information, et le foncier, avec un objectif d'économies de 150 millions en 2013. La progression de la masse salariale de l'établissement public serait, par ailleurs, limitée à 2%, pour un effectif quasi stable (moins 500 postes, avec notamment à nouveau un millier de suppressions de postes chez Fret SNCF). Cela laisserait, du fait des augmentations individuelles liées à l'ancienneté et aux promotions, très peu de marge pour les augmentations collectives, et pourrait peser sur le climat social. Ces mesures destinées à contenir les coûts ne devraient toutefois pas empêcher le rapport marge opérationnelle-chiffre d'affaires de se dégrader.
Guillaume Pepy, le président de la SNCF, aura néanmoins la satisfaction d'avoir mené à bien dès la fin de cette année une opération de monétisation de créances lancée depuis plusieurs mois. Celle-ci permettra de faire apparaître dans les comptes 2012 une baisse de l'endettement (8,3 milliards fin 2011) de plusieurs centaines de millions d'euros. Cela ne manquera pas d'être remarqué, alors que l'un des objectifs de la réforme ferroviaire est justement de réduire l'endettement du secteur.
Source http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... 521998.php
bfmtv.com, 20 décembre
La SNCF entre dans une zone de turbulences
Le conseil d'administration de la société ferroviaire se réunit ce jeudi 20 décembre pour voter le budget prévisionnel 2013. L'année devrait être nettement moins florissante que 2012 pour le groupe présidé par Guillaume Pépy.
La SNCF devra économiser 150 millions d'euros
Invité de BFMTV voici quelques semaines, Guillaume Pépy, le président de la SNCF, avait dressé un tableau quasi-idyllique de la situation du groupe ferroviaire : chiffre d'affaires et résultats en hausse, record d'embauches.
Mais ce jeudi 20 décembre, le climat n'est pas tout à fait le même. Le Conseil d'administration de la SNCF doit examiner un budget prévisionnel 2013 qui se fonde sur une croissance moins forte que prévu du chiffre d'affaires (3,8 milliards d'euros cette année).
Le trafic voyageurs ne devrait progresser que faiblement (moins de 2%). Quant au fret, activité sinistrée depuis des années, elle devrait à nouveau subir les effets de la mauvaise conjoncture. Si bien que le projet prévoit aussi la suppression déjà annoncée de 1000 postes dans le fret, une activité sinistrée pour la SNCF.
Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, la SNCF vient d'être condamnée, le 18 décembre, par l'Autorité de la concurrence pour pratique anticoncurrentielle sur le fret à la fin des années 2000. Elle devra payer une amende 60,9 millions d'euros.
La retraite des cheminots dans le viseur
Autre nuage sur la SNCF : le régime de retraite des cheminots. Malgré une réforme en 2008, il reste gravement déficitaire et le budget devra encore verser 3,4 milliards d'euros en 2013 pour payer les pensions des cheminots.
Mais dans le cadre de la nécessaire nouvelle réforme à venir des retraites de l'ensemble des Français, ce soutien financier sera-t-il encore tenable ? En cas de remise en question de cette subvention publique, la SNCF devra assumer une partie du déficit de son régime de retraites... ce qui paraît somme toute logique.
Économies de fonctionnement
Conséquence, Guillaume Pépy, qui lorgne le renouvellement de son mandat au printemps 2013, est contraint de proposer un plan d'économies de fonctionnement de quelques 300 millions d'euros étalé sur plusieurs années.
Ce plan devrait prévoir une réduction des frais généraux de l'entreprise, une réforme des achats ainsi que la vente de certains terrains sous-utilisés.
Les gains de productivité devraient permettre de rembourser une partie de la dette cumulée du système ferroviaire, estimé à 40 milliards d'euros.
Les chiffres clés
La SNCF :
> 33,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires
> 250 000 salariés
> 44% de croissance en 5 ans
Ce qu'il faut retenir
>21 milliards d'euros de coût annuel de fonctionnement du système ferroviaire
> 9 milliards seulement de recettes propres
> 1,5 milliard d'euros de déficit annuel
> 2 milliards d'euros d'investissements en 2012 pour acquérir de nouvelles rames
> 40 milliards d'euros de dette cumulée
Source http://www.bfmtv.com/economie/sncf-entr ... 08700.html