La solution choisie pour la construction est économique, avec un débit peu important : un système pulsé avec six trains de cabines par tronçon qui ralentissent deux fois dans la montée. Le système pulsé a l'avantage de pouvoir reprendre le skieur au tiers du parcours sans avoir besoin de construire une gare intermédiaire, sans coût supplémentaire. Par rapport aux téléphériques classiques à va-et-vient de Lognan et des Grands Montets à Chamonix, pour des performances équivalentes (longueur, dénivelé, débit), la construction du téléphérique de La Grave a coûté quatre fois moins cher. Et il permet la reprise des skieurs au "P1" (premier pylône) à 1800 m.
Un petit historique de cette réalisation trentenaire (D'après le site internet de la Grave) : le téléphérique est inauguré le 14 juillet 1976 pour un coût de 21,2 millions de francs (financés en grande partie par la ville de Briançon). Ce seront 12 000 voyageurs (à vingt francs la montée !) qui emprunteront le premier tronçon terminé pour contempler la Meije d'un peu plus près à l'altitude 2 400 m. Dans la nuit du 16 au 17 novembre, un attentat criminel (10 kg d'explosif) occasionne quelques dégâts, évalués à 800000 F. Les coupables ne furent jamais retrouvés, et une petite plaie financière s'ouvrait déjà, qui ne devait se refermer que bien plus tard. Le deuxième tronçon jusqu'au Col des Ruillans sera inauguré le 13 mars 1978, un an après la célébration en grandes pompes du centenaire de l'ascension de la Meije. Au printemps 1986 : le BEDARM (organisme de contrôle des remontées mécaniques) n'autorise pas l'ouverture pour l'été. Motifs invoqués : le câble porteur nécessite d'être remplacé, et le système d'évacuation est inadéquat aux nouvelles normes, soit au bas mot 10 millions de francs de travaux. Pis encore, cette fermeture forcée qui se prolongera sur deux saisons, outre un énorme manque à gagner (140 0000 F), échauffe les esprits, exhibant au grand jour des dysfonctionnements sous-jacents : dette et un appareil "mal conçu, mal géré, mal réalisé", jamais rentable (il faudrait 65 000 personnes par an transportées en moyenne). S'ensuit une longue et douloureuse polémique, ponctuée par l'élaboration de plans de sauvetage tous plus pharamineux les uns que les autres. En mai 1987, Denis Creissels, son concepteur, propose de racheter par fierté l'installation croulant sous les dettes, pour laquelle aucune solution de sauvetage n'était encore retenue. Le projet des téléskis sur le glacier de la Girose sont ressortis des cartons, et voit le jour début 1989 : ces remontées, originales dans leur conception, rendent désormais possible la liaison avec les Deux Alpes.
Malheureusement, je n'ai pu emprunter les petites télécabines mais je vous propose diverses photos de la première partie du téléphérique et du massif de la Meije.
Pour se repérer, voici un petit plan du domaine skiable avec le tracé du téléphérique marqué en rouge.

Un petit aperçu du 1er tronçon du téléphérique.

Sur ce cliché, on devine au loin le glacier. Les photos ont été faites à la mi-août, juste avant les premières chutes de neige sur le Massif.

Les cabines arrivent...

Elles franchissent l'avant de la machinerie.

Machinerie qui est assez impressionnante.

Elles rentrent dans la gare de départ/arrivée de la Grave. Ici, la dernière est remplacée par un porte-vélo.

Un gros zoom sur les petites cabines...

Pour quelques images en temps réel des différentes étapes du téléphérique, je vous renvoie à ce lien.
Le plus beau se trouve naturellement à l'arrivée avec la fameuse marche sur le glacier que l'on peut effectuer seul ou en étant accompagné. Il paraît que c'est à la portée de tous.
Pour prolonger le rêve, voici quelques visions d'en-bas ou d'en face du Massif de la Meije. Avec le téléphérique, on atteint le glacier situé à droite, sur la photo.

Sur ce dernier cliché, vous pouvez voir en cliquant et en zoomant à droite la station intermédiaire du téléphérique... Cherchez bien !
