Dans la métropole toulonnaise, coup d’accélérateur pour le dossier du Bus à haut niveau de service
Plusieurs étapes administratives préalables à la mise en circulation d’un Bus à haut niveau de service dans la métropole viennent d’être franchies. De quoi enterrer définitivement le tramway?
Mathieu Dalaine
mdalaine@nicematin.fr Publié le 13/09/2024 à 08:00, mis à jour le 13/09/2024 à 08:00
Projection du BHNS, avenue Edouard-Herriot, dans le quartier de l’Escaillon, avec une voie dédiée unique, insérée dans le sens entrant vers Toulon. Document TPM
À un an et demi du scrutin municipal, certains pensaient le dossier enlisé. Trop clivant. Ou trop gênant pour séduire les électeurs, vu la quantité de travaux à prévoir. "Il est devenu urgent d’attendre", ricanaient certains observateurs de la vie politique locale.
Après des mois d’atermoiement, le dossier du Bus à haut niveau de service (BHNS) vient pourtant de subir un coup d’accélérateur.
Certes, la mise en circulation de ce "superbus" en grande partie sur voie dédiée, censé circuler entre Ollioules et l’entrée est de Toulon pour son premier tronçon, n’est pas prévue avant 2028. Mais plusieurs étapes administratives viennent d’être franchies.
"Le dossier d’enquête publique a été déposé fin juillet; il est actuellement à l’instruction", confirme-t-on à la métropole TPM. "L’enquête publique à proprement parler est prévue pour le premier trimestre 2025, avec un démarrage du chantier programmé à la fin de cette même année."
Le marché de maîtrise d’œuvre de cette ligne de sept kilomètres a aussi été notifié avant l’été. C’est la société Ingérop, laquelle vient d’ouvrir un bureau à Toulon, qui est l’heureuse élue.
L’architecte paysagiste Stoa est dans la boucle. Une enveloppe de 55 millions d’euros sera consacrée à l’aménagement de la voie et ses abords entre le technopôle de la mer et le carrefour Bir-Hakeim.
Le rail toujours au cœur du débat politique
"Est-ce qu’un jour il sera possible de rouvrir un débat sur le tramway?", s’est néanmoins interrogée l’élue d’opposition Cécile Muschotti, ce jeudi, lors de la séance du conseil métropolitain. Pour elle, la question mérite d’être posée, tant "le BHNS ne suffit pas à répondre aux exigences de mobilité de notre métropole".
Avec la condamnation de l’ancien maire Hubert Falco, viscéralement opposé au rail, l’hypothèse d’un retour en grâce du projet de tram fait ainsi son chemin chez ceux qui s’imaginent un avenir politique au pied du Faron. À l’extrême droite, on rappelle régulièrement que le projet était sur le point d’aboutir quand le Front national était au pouvoir. À gauche, l’élu métropolitain Philippe Leroy a redit hier la position de Toulon en commun sur le sujet: "Tant que nous n’aurons pas ce cadencement rapide et ce moyen de transport entièrement en site propre qu’est le tramway, nous n’en aurons pas fini avec nos problèmes de circulation."
Plus surprenant, même dans le camp de la majorité municipale toulonnaise, des âmes ambitieuses répètent à qui veut l’entendre que Toulon est la seule des grandes métropoles françaises à ne pas avoir de tramway. Et évoquent, à demi-mot, leur envie de voir un chemin de fer urbain figurer sur le programme électoral de 2026.
Une chimère? "Ce qui est fait peut toujours être défait", philosophe un connaisseur du dossier, rappelant que "le gros des travaux est prévu après 2026. En tout cas, on ne pourra pas nous le reprocher: le projet de BHNS est bel et bien lancé". Autrement dit, le superbus est sur les rails.
Jean-Pierre Giran s’est longuement exprimé sur le sujet du transport en commun en site propre, hier, lors de la réunion du conseil métropolitain. Photo doc V. L.P..
L’étonnante position de Jean-Pierre Giran sur le sujet
On savait le président de la Métropole pas forcément grand spécialiste du dossier. Après tout, Jean-Pierre Giran n’est à la tête de TPM que depuis seize mois. Après tout aussi, le futur transport en commun en site propre de l’aire toulonnaise n’est pas censé, même à long terme, desservir "sa" ville d’Hyères.
La prise de position du successeur d’Hubert Falco sur le sujet, hier devant l’assemblée métropolitaine, a tout de même étonné quelques élus dans les travées.
Questionné par son opposante Cécile Muschotti sur "l’hypothèse tramway", Jean-Pierre Giran a répondu de manière inattendue.
Une troisième option: "la micro-chirurgie"
"Le BHNS est en route. (...) Il faut peut-être abandonner ce débat", a-t-il d’abord posé… avant de surprendre son monde. "S’il devait être mené, il y a toutefois une troisième option. Il y a le tramway, le BHNS et puis, il n’y a rien. Pourquoi pas!"
Et Jean-Pierre Giran de préciser sa pensée: "Une micro-chirurgie sur les points sensibles, avec modifications des véhicules, élimination des points noirs ou limitation de la circulation à tel ou tel endroit, pourrait être une solution."
Évoquant "les tremblements de terre que représenterait un tramway" et "les difficultés de mise en place d’un BHNS", le président de TPM a expliqué n’être "pas très sensible aux effets de mode".
Avant d’assurer n’être "pas partie prenante dans cette histoire", il a tenu à filer jusqu’au bout la métaphore médicale: "On est parfois amené les uns et les autres (les maires, ndlr) à faire de la chirurgie réparatrice plutôt qu’une opération à cœur ouvert. Ça peut être aussi, pour des gens aussi fragiles et faibles que moi, une possibilité…"
En conclusion de son propos, Jean-Pierre Giran a fait référence au chantier de l’élargissement de l’A57: "On mène des travaux considérables sur l’autoroute. Tout le monde s’en réjouit. Mais, à titre personnel, je me pose des questions sur ce qui se passera quand, à un moment donné, le même nombre de voitures arrivera au bout de l’entonnoir, et qu’il n’y aura que deux voies. Vous voyez, tout est compliqué dans ces affaires-là…"