Oloron-Sainte-Marie Ras-le-bol général à la gare d'Oloron
La grève des contrôleurs a touché Oloron, provoquant la lassitude des usagers, mais aussi des agentsDepuis avant-hier, tous les trains de la ligne Pau-Oloron étaient remplacés par des bus, en raison d'une grève des contrôleurs. Une gêne pour les voyageurs, pour qui le trajet en bus de remplacement est plus long (52 minutes en moyenne), mais une épreuve aussi pour les agents.
« Ras-le-bol de la grève », lâche d'emblée un employé quand on lui demande comment cela fonctionne. Un autre nous montre immédiatement le numéro de la responsable de la communication, à Bordeaux : « On a la consigne de ne rien dire sur le mouvement ».
L'appel au service communication nous expliquera pourquoi, sur certaines lignes TER, certains trains sont maintenus alors que les Pau-Oloron (et retours) sont remplacés par des bus, avec l'inconfort que cela génère pour les usagers, ou pas remplacés du tout. La situation décrite lui « paraît bizarre », mais après renseignement, il confirme qu'il y a bien un « montage technique » qui, en quelque sorte, déshabille Pierre pour habiller Paul.
« Le minimum légal »En cas de conflit, « le volume de voyageurs par rapport à la distance parcourue » est rapporté au nombre d'agents nécessaires pour faire fonctionner une ligne. Or, pour la SNCF, les deux agents nécessaires pour la faire fonctionner sont « des ressources qui peuvent être mieux exploitées sur des trajets plus longs que sur cette ligne courte où les agents n'ont pas la possibilité de faire un autre trajet ».
« C'est la position de la direction », glisse ironiquement un agent qui, lui, ne voit pas les choses du même œil. Simultanément soulagé et irrité quand on lui apprend que le préavis de grève a été levé à midi (« on ne nous informe pas, même pas un fax pour nous prévenir »), il lie cette situation à l'instauration du « service minimum à l'époque de Sarkozy ».
« Avant, tous les trains étaient remplacés en cas de conflit. C'était le bazar sur les parkings avec tous ces bus, mais ça marchait », assure-t-il.
« Aujourd'hui, en cas de conflit social, la SNCF n'a pas à verser d'indemnités à l'autorité organisatrice (pour le réseau TER, le Conseil régional d'Aquitaine, NDLR), et donc la SNCF ne met en place que ce que la loi prévoit, c'est-à-dire le minimum légal, un aller-retour par jour. »
« Moins aléatoire »Et de tacler encore la politique de la maison : « La SNCF ferme les yeux sur les besoins des voyageurs, qui seraient prêts à prendre le bus plutôt que leur voiture, mais on fait comme si on transportait non pas des gens, mais des marchandises », se plaint-il, désolé d'avoir peu de solutions à offrir aux usagers pendant tous ces récents conflits sociaux.
« Effectivement, on se doit d'offrir un service garanti », reconnaît un chargé de communication de la SNCF. Mais il réfute que cela fonctionnait mieux avant ou que ce montage n'ait pour seul but de faire des économies.
« Avant le service minimum, en cas de conflit social, l'usager ne savait pas quand il pourrait partir, il n'y avait pas de grille, on pouvait avoir le train d'après, ou pas. Maintenant, on sait à quelle heure on peut partir, c'est moins aléatoire », assure-t-il, répliquant enfin que « le vrai intérêt de la SNCF, c'est de faire circuler des trains, et de sortir le plus vite du conflit », rappelant aussi que le cas de la ligne Pau-Oloron n'était pas isolé.