Midi Libre - Edition du 19 Novembre 2007
Le projet de retour des TER sur la rive droite du Rhône
Le protocole, frappé de la mention « provisoire », est encore tenu secret. Il résulte de négociations serrées. Et va être proposé à la signature des présidents des Régions Rhône-Alpes, Paca, Languedoc-Roussillon.
Des départements du Gard, de l'Ardèche, du Vaucluse, de la Drome. Des hauts représentants de l’Etat, de la SNCF et du Réseau ferré de France. Il accompagne le développement d'une zone située entre Valence, Avignon, Marseille et Montpellier, en facilitant le recours - moins polluant - au transport public. Il prépare un changement sans précédent depuis 1973. Ce protocole, auquel Midi Libre a eu accès, prévoit les conditions du retour des trains de voyageurs sur la rive droite du Rhône. Extraits.
1 Privilégier une réouverture au sud
Les enseignements des études conduisent à privilégier une réouverture au sud de la rive droite, où l'urbanisation est la plus dense, et où la ligne ferroviaire peut jouer le rôle le plus utile sans handicaper le développement du fret. Le scénario envisagé est celui d'une desserte ferroviaire entre Nîmes et Avignon d'une part et Valence d'autre part.
2 Revoir le lien train-car
Rabattement. Il y a un enjeu très fort à organiser efficacement le rabattement par autocars sur les gares (rive gauche et rive droite). Les lignes d'autocars actuelles ou futures devront permettre un rabattement et une diffusion optimale du train dans les gares rouvertes.
Tarifs. Un effort devra être mené en vue de mettre en place des communautés tarifaires autour des grandes agglomérations (Valence, Montélimar, Avignon, Nîmes).
Problème à Nîmes, pas à Valence
Les études menées indiquent un niveau de complexité supplémentaire pour atteindre Nîmes, en raison des problèmes de capacité de la gare. De plus, certains aménagements d'infrastructures, notamment à Villeneuve-lès-Avignon, entraînent des difficultés supplémentaires. Il est donc proposé de viser une première étape de réouverture limitée à la section Avignon-Valence / Valence TGV à l'horizon 2010, dans la mesure où les études confirment les capacités d'accueil en gare de Valence et la connexion rive droite-rive gauche à la Voulte / Rhône pour rejoindre Valence.
Créneaux, gares rouvertes. Le niveau de dessertes souhaité est de sept allers-retours par jour, trois le matin pour arriver entre 7 h et 9 h à Avignon, trois le soir pour partir entre 17 h et 19 h et un aller retour par jour pour partir entre 12 h et 13 h d'Avignon.
Les gares rouvertes dans le Gard seraient Villeneuve-lès-Avignon, Bagnols-sur-Cèze et Pont- Saint-Esprit. En Ardèche, les gares de Bourg-Saint-Andéol, Le Teil, Viviers, Rochemaure éventuellement, Cruas, Le Pouzin et la Voulte, sur un éventuel nouvel emplacement, pourraient être concernées.
A suivre. Les études doivent être poursuivies pour confirmer l'opportunité et la faisabilité de ce nouveau service aux voyageurs et pour préparer la réalisation des travaux. Ces objectifs de dessertes TER devront être mis en œuvre en cohérence avec les dessertes fret programmées. Une extension de ces services vers Nîmes serait à réaliser dans le cadre d'une deuxième phase "à l'horizon 2013".
La répartition des rôles entre les collectivités
Les régions s'engagent à étudier des solutions financières propres à la mise en œuvre de la réouverture de la ligne droite. A étudier avec les départements de l'Ardèche et du Gard des solutions de rabattement des autocars sur les gares rouvertes, afin d'améliorer la diffusion du train dans les territoires. Un montage financier associant notamment les communes et les départements sera recherché.
Les trains entre Avignon et Valence.« RFF s'engage à proposer les sillons nécessaires à la mise en place de sept allers-retours par jour entre Avignon et Valence-Valence TGV, en tenant compte de la contrainte des sillons nécessaires à la Magistrale Ecofret. »
Gestion du fret prioritaire. « Les régions reconnaissent et valident la priorité en terme de volume de trafic-fret circulantsur la ligne en question. La SNCF accepte d'être l'opérateur pour l'exploitation des services ferroviaires de transport de voyageurs respectant cette priorité réservée au fret. Elle s'engage à mettre en œuvre les services demandés par les conseils régionaux dans le cadre des conventions TER. »
Nouvelles perspectives. « Les Régions s'engagent à réaliser une étude générale des besoins de déplacement, en lien avec les perspectives de développement économique et touristique (transports locaux et accès à la grande vitesse) sur l'ensemble du bassin rhodanien au Sud de Valence. »
La lettre des présidents à Anne-Marie Idrac
Le protocole d'intention sera adressé, après d'éventuels ajustements, à Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF. Il sera accompagné d'un courrier signé par Jean-Jack Queyranne, Georges Frêche et Michel Vauzelle, présidents des trois Régions concernées. « Les Régions Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur souhaitent mettre en œuvre les conclusions de l'étude réalisée avec une première phase d'amélioration des transports publics sur le territoire du Gard et de l'Ardèche entre Avignon et Valence, devraient écrire les trois présidents.
Nous proposons à cet effet que nos différentes collectivités puissent, avec Réseau ferré de France, la SNCF, les départements concernés et l'Etat, signer le protocole d'accord portant sur la réouverture partielle de la ligne. Cette signature commune pourrait être faite d'ici la fin de l'année 2007. »
Septième version, quasi définitive
Le protocole d'intention provisoire, dont Midi Libre a eu la primeur, est le septième du genre, le dernier à ce jour. Il est considéré par différentes sources - sauf rebondissement -, comme une version quasi définitive.
Elle a été rédigée en date du 19 septembre dernier, après une étude de faisabilité et des comités de pilotage, de ligne, des discussions avec RFF et la SNCF. Ce document, qui réaffirme la priorité donnée au fret, peut encore subir des aménagements.
Mais les grandes lignes sont là. Le scénario général est tracé. Viendra l’heure du vote des collectivités territoriales. Des derniers réglages financiers. De l’indispensable validation définitive de la SNCF et de RFF.
Mais les trois Régions, qui disposent désormais d'un levier de commande essentiel en matière de liaisons TER, ont trouvé un terrain d’entente dans ce dossier hautement symbolique, tout en associant SNCF et RFF. L’enjeu est de taille. Une réouverture historique de la rive droite aux trains voyageurs. Et de nombreuses gares fantômes qui devraient reprendre vie.