Périgueux Débrayage annoncé aux ateliers SNCF
Inquiets de la future fusion avec Saintes, prévue pour avril, les syndicats du Technicentre ont appelé les cheminots à se mobiliser ce matin. Les cheminots travaillant dans les ateliers du Toulon sont appelés à cesser le travail ce matin, le temps que les syndicats interpellent la direction sur les effets de la future fusion avec Saintes.
Même si le comité d'établissement régional n'a pas encore donné sa voix au projet, il est quasiment acquis : sauf rebondissement de dernière minute, la fusion du Technicentre du quartier du Toulon à Périgueux, ex-ateliers SNCF, avec celui de Saintes sera effective au 1er avril.
Première conséquence attendue, la suppression de 18 ou 19 postes, dont une bonne moitié à Périgueux. Il était encore question de 24 postes en début de semaine, mais quelques négociations avec les syndicats ont eu lieu. « L'objectif est de réduire les coûts de structure en mutualisant des postes administratifs et d'encadrement, ainsi que des postes d'exécution », explique Arnaud Rouby, secrétaire général des cheminots CGT à Périgueux.
« Décisions par téléphone » « Quelques mutations sont déjà effectives. D'autres personnes partiront à la retraite dans l'année », indique Serge Géraud, secrétaire du syndicat CGT maîtrise et cadres, directement concerné par cette réorganisation de services. Lui, comme ses collègues, constate que la fusion va obliger une partie du personnel « à multiplier les allers-retours entre les deux sites », ce qui dégraderait leurs conditions de travail (Périgueux-Saintes, c'est 2 h 30 de trajet). Par ailleurs, ils craignent que « la plupart des décisions soient prises désormais par téléphone, ce qui pourrait affecter d'une certaine façon la production ».
Vendredi dernier, lors d'une réunion exceptionnelle du comité d'entreprise à Bordeaux, les syndicats se sont prononcés contre cette fusion. « Mais nous n'avons qu'un avis consultatif », déplore Arnaud Rouby. Du coup, à Périgueux, ils ont décidé de se faire entendre autrement. Et rapidement. Ils appellent les cheminots à débrayer ce matin, dès 8 heures. « On prévoit, pendant ce temps, d'interpeller la direction sur ce qu'engendrera le rapprochement avec Saintes en matière d'effectifs, de charge de travail et de mobilité des cheminots », indique Patrick Capot, salarié de l'entreprise et élu municipal à Coulounieix-Chamiers - où se trouve un autre Technicentre SNCF rattaché à Périgueux, spécialisé dans les rails et l'aiguillage.
Déjà éprouvés par la chute progressive de leurs effectifs depuis plusieurs années, les salariés du Toulon sont très inquiets. « En général à la SNCF, une fusion précède toujours un grignotage des moyens de production », affirme Serge Géraud.
Grignotage déjà entamé. Actuellement, le Technicentre de Périgueux assure la rénovation des voitures Corail pour la SNCF et des rames à deux niveaux, la maintenance des « voitures expériences » (celles qui servent à estimer l'état des infrastructures) et de la climatisation des TGV. Mais, « une partie de l'activité a déjà été privatisée et une autre est externalisée », fait remarquer Patrick Capot.
Des postes non remplacés Le salarié ajoute : « Les suppressions de postes relatives à la fusion ne prennent pas en compte celles qui seront liées au budget 2012 et qui se profilent. » Rien que le site de Coulounieix-Chamiers, qui a perdu dix postes l'an dernier (il reste 76 salariés), pourrait souffrir du non-remplacement « d'au moins six ou sept départs à la retraite dans le courant du premier semestre », indique Patrick Capot.
« On atteint les limites en termes de moyens humains et de polyvalence, affirme Arnaud Rouby. On a de plus en plus de mal à absorber les pics de charge de travail, et de plus en plus recours à des intérimaires et des CDD pour compenser. » Bref, à en juger par les propos des syndicats, l'activité du Technicentre déraille et les salariés n'ont pas fini de dérouiller.