Bonjour à tous, j'ai récemment fait quatre voyages en train de nuit, que je redécouvre enfin après avoir tant lu ses mérites, notamment ici.
Un aller-retour dans le Paris-Toulouse et un autre aller-retour dans le Paris-Perpignan(-Cerbère). Au vu de l'actualité du renouvellement du matériel, je partage quelques observations que j'ai fait et qui permettront peut-être de lancer le débat ! J'ai conscience que certaines observations seront évidentes pour certains mais c'est pas forcément le cas pour tout le monde donc j'inclus tout.
Tout d'abord, j'ai pu constater que la belle gare d'Austerlitz a retrouvé sa belle verrière... qui n'est cependant pas exploité par les trains de nuit qui fréquentent plutôt les voies sous dalle (voies 1 à 7). Pour l'embarquement, cela ne m'a pas été gêné outre-mesure, la dalle de la gare d'Austerlitz étant plutôt bien faite, j'ai trouvé qu'elle apportait plutôt une protection et une intimité bienvenue, qui est amplifiée par les nombreuses lumières vertes présentes le long des quais : une indication bienvenue et qui donne une impression de modernité à l'ensemble.
Parlons maintenant horaire et leurs conséquences. J'ai eu les deux extrêmes : mon Paris-Perpignan(-Cerbère) partait à 20h10 (étant attelé ce soir-là au Paris-Nice) tandis que le Paris-Toulouse partait à 22h13, attelé bien sûr au Latour-de-Carol. Je crois qu'on est tous d'accord sur ce forum pour dire que 20h10 constitue un horaire tôt pour un train de nuit. En tout cas, comme je voulais arriver au moins une heure en avance au cas où (pour anticiper toute défaillance critique du RER que je prends en amont (n'habitant pas à Paris même)), cela fait que je suis parti peu après 18h de chez moi

c'est un peu la fin des horaires de travail, ça peut peser sur la fréquentation. À l'inverse, j'ai beaucoup apprécié partir à 22h pour Toulouse, il y a pas la précipitation d'aller à Austerlitz après la journée de labeur.
[Aparté sur les horaires du retour : contrairement à ce que j'ai pu lire, et étrangement, cela ne me dérange pas d’embarquer "tôt" dans un ICN (19h / 19h40) dans le sens inverse. J'imagine que c'est lié à la manière dont j'organise mon séjour là-bas (un week-end de tourisme à pas cher) mais souvent, j'ai la fatigue du week-end et j'ai juste envie d'embarquer là-où je dors pour la nuit

]
Maintenant, les voitures Corail de nuit elles-mêmes : quel niveau de confort en 2025 pour quelqu'un qui "découvre" le train de nuit ?
Sur quatre voyages, j'ai eu une voiture de 1ère classe (rénovée), deux voitures de 2ème classe et une voiture de 2ème classe non rénovée, ce qui m'a permis de comparer les différentes prestations. J'ai surtout dormi tout en haut, juste une place milieu une fois.
Je vais d'abord me concentrer sur tout ce qui est commun : la voiture Corail. Je trouve globalement que les voitures Corail se portent bien, elles cachent plutôt bien leur 40/45 années de carrière (c'est peut-être moins pour les voitures-couchettes ?) et proposent l'essentiel : un bon chauffage, une bonne insonorisation, des fenêtres globalement propres. Cependant, on voit quand même que le matériel n'est pas de la première jeunesse. Les circulations entre les voitures donnent le goût des années 80 tandis que les dimensions très réduites du couloir gênent la circulation, surtout peu après l'embarquement où de nombreuses personnes sortent dans le couloir regarder la banlieue sud défiler (ou à l'inverse, au petit matin, quand on assiste au lever du soleil). Pour le renouvellement du matériel, j'attends un couloir de plus grande dimension. Dernier point négatif des voitures Corail : l'absence de toilettes modernes. Le personnel semble faire des effort sur la propreté des toilettes mais après 11h, 12h de trajet, voir des bouts de papier dans la cuvette des toilettes donne pas un air très accueillant. Cependant, l'espace lavabo des voitures Corail semble être une réussite, étant globalement plus propre et permettant de s'isoler pour passer un appel téléphonique par exemple.
Maintenant, avant de passer aux compartiments eux-mêmes, petite différence entre les voitures rénovées et non rénovées (et plutôt en faveur des voitures les plus anciennes) : la moquette.
En effet, dans le programme de rénovation, les ateliers ont visiblement fait le choix d'enlever la moquette bleue présente sur le sol du couloir. Bon. C'est dommage car le sol se présente maintenant sous la forme d'un gris fade. Et qu'on ne vienne pas me dire que c'est parce qu'on est plus autorisé à mettre des moquettes en 2025... car les Omneo normands possèdent de la moquette justement [seulement la version livrée en 2019, la version Omneo 2 sur Paris-Évreux/Vernon-Rouen n'a pas la même moquette et dispose justement du même sol gris fade]. L'absence de moquette peut sembler anecdotique mais sa présence renvoie une vraie image de confort, de "premiumisation" du produit tandis que son absence produit l'effet inverse alors même qu'on peut être amené à payer cher son billet (j'y reviendrai). Le soir, la moquette donne une meilleure intimité et permet de masquer les impuretés du sol, ce qui n'est pas si anodin le soir, certaines personnes s'aventurant en chaussettes vers les toilettes. Aparté pas si anecdotique que ça terminé, passons aux compartiments.
Les compartiments sont relativement bien faits. Comme promis, ils sont sécurisés et assurent une obscurité salvatrice. La couverture fournie avec est assez efficace avec un côté "Été" léger et un côté "Hiver" plus douillet et plus chaud. C'est assez bien fait, je n'ai pas eu vraiment trop chaud ni trop froid lors du sommeil. En revanche, l'espace disponible est assez mince, surtout en largeur. En revanche point noir pour moi : l'oreiller fourni. En seconde classe, je l'ai trouvé vraiment minimaliste, étant à peine plus grand que la tête et offrant très peu de moelleux. Pour compenser, j'ai rapidement pensé à mettre en dessous de cet oreiller un petit pull que j'avais dans mes affaires (et je n'étais pas le seul).
Pourtant, l'oreiller représente 90 % du temps passé à bord de l'ICN ! C'est dommage de proposer vraiment un tout petit oreiller.
Autre point : comme les trains de nuit représentent une espèce en voie de disparition, je me demande s'il y a assez de présentation sur le service. J'ai dû expliquer à certains et certaines personnes le système de mécanisme de fermeture des compartiments, signe qu'on aurait vraisemblablement éteint les lumières avec les portes non verrouillées
De manière plus surprenante, j'ai l'impression que certains n'avaient pas remarqué le bouton permettant d'allumer la lumière "personnelle" (par couchettes). Il est vrai qu'aucune annonce n'est faite par le personnel de bord sur ces différents dispositifs.
En revanche, pour avoir goûté à la couchette de seconde classe non rénové, elle manque (ou manquait ?) terriblement de l'absence de prise de chargeur à chaque couchettes. Certes, il y a une prise USB dans le couloir mais recharger le téléphone dans le couloir, c'est gêner la circulation. Dans ces rames non-rénovées, la luminosité à l'intérieur du compartiment fait sombre et ce n'est pas la lampe 12 V (à la puissance ridicule) qui change quelque chose

. Bref, heureusement que ces deux défauts sont en cours de correction.
Maintenant, pour avoir également essayé la première classe dans ces rames, je trouve qu'elle apporte un saut qualitatif appréciable. Pas tellement sur la disposition en 4 couchettes (j'y reviendrai aussi) mais plutôt sur la largeur supplémentaire apportée et par l'oreiller spécifique, bien plus large qu'en seconde classe. En plus de l'oreiller, j'ajoute que l'espèce de maquette rouge au mur (?) est assez doux pour qu'on puisse bloquer sa tête dessus.
À noter que j'ai acheté ce billet 1ère classe sur un Paris-Toulouse : j'avais droit à l'accès à l'espace douche en gare de Toulouse. L'espace est assez simple à utiliser : chaque cabine de douche est vraiment grande et entre chaque passage, l'espace est nettoyé par un agent. Comme l'accès à cet espace est compris dans le billet c'est vraiment appréciable pour bien commencer la journée. Mon seul regret est finalement la condition d'accès des douches : mais pourquoi faut-il forcément acheter un billet de 1ère classe

? Je n'ai pas vu l'intégralité des passagers de 1ère classe se précipiter sur les douches : le Paris-Toulouse arrivait à 7h et à 7h30 il y avait plus aucune file d'attente dans mes souvenirs. Tout le monde en 1ère ne veut pas prendre une douche et à l'inverse en seconde, il serait appréciable de pouvoir accéder à cette espace, même en payant un petit supplément

! Dans certains cas, je serai prêt à débourser 10 / 15 € supplémentaire pour prendre une douche avec un billet de seconde classe, surtout quand à l'achat la différence de prix entre les deux classes est très important. De manière similaire, je ne crois pas que l'espace douche est ouvert le soir, quand l'ICN embarque vers Paris, alors qu'encore une fois certains et certaines ont l'habitude personnelle d'une douche en soirée (ou pour se rincer de la sueur après une journée de marche ! par exemple). Bref, la construction d'espaces douches dédiées en gare est une solution prometteuse pour contourner l'absence de douche sur les rames, j'espère que Gares&Co va quand même continuer leur construction (par exemple à Nice ? Briançon ?).
En ce qui concerne le prix, en réservant deux mois à l'avance et avec une carte Avantage, il est effectivement possible de voyager à peu cher, avec des billets proches du prix d'appel, voir inférieur avec une carte Avantage. J'ai eu par exemple 36 € pour un Paris -> Toulouse en 1ère classe, un prix que je ne pense pas retrouver de sitôt

. Cependant, les réservations sont assez vite prise d’assaut, en particulier sur le Train Bleu (ainsi, il me semble qu'à l'heure où j'écris ces lignes le Paris -> Nice du vendredi soir est déjà complet pour les deux prochaines semaines), avec les derniers billets vendus très chers. À titre personnel et d'indication, je considère que la 1ère classe ne se vaut qu'en dessous de 45 / 40 € de différence qu'avec la seconde (honnêtement un peu moins s'il n'y a pas de douches à l'arrivée), au-dessus je trouve le billet trop cher pour ce que c'est.
Et en guise de conclusion pour ce post vraiment long (mais que j'espère assez détaillé) : j'ai vraiment l'impression que ces trains doivent conserver une garder un nombre important de places couchettes vendues, ce qui me fait dire que contrairement à ce que j'ai pu lu, j'espère qu'on conservera le diagramme avec 6 places par couchettes mais avec un travail approfondi sur les autres dimensions du confort. C'est un avis totalement subjectif mais le plus important pour s'endormir à bord (en plus d'une sonorisation réduite, de compartiments sécurisés, etc) c'est la largeur de la couchette plutôt le nombre de personnes dans votre compartiment. Que vous ayez 1 ou 2 personnes au-dessus de vous, cela reste des inconnus. À l'inverse, une couchette plus large vous offre une intimité plus large, permettant de vous endormir plus facilement. Et encore une fois, mettez un oreiller plus large. En conclusion, je suis prêt à reprendre le train de nuit à l'avenir, à condition que cela ne soit pas trop cher (ou moins cher que les combinaisons TGV+TER) ou pour une occasion spéciale.
Bonne journée à vous !