TGV Alstom Transports : charge assurée jusqu’en 2015 à Belfort
Jérôme Wallut, directeur général d’Alstom Transport France , affirme que l’usine de Belfort a du travail assuré jusqu’en 2015.
Jérôme Wallut, directeur général d’Alstom Transport France, promet un bel avenir à Alstom Transport à Belfort, où le plan de charge est assuré jusqu’en 2015. Interview.
Comment voyez-vous l’avenir du TGV ?Je suis un enfant de la génération TGV, et quand le record de vitesse du TGV a été battu en 2009, j’assumais les fonctions de directeur « grand compte » pour la SNCF, c’est-à-dire que j’assurais toutes les relations entre le client, c’est-à-dire la SNCF, pour l’exécution du projet.
Aujourd’hui, l’avenir du TGV passe par le « RGV 2N2 », c’est-à-dire le TGV rame à grande vitesse, deux niveaux, deuxième génération. Il s’agit d’un train européen. Il permet à l’exploitant de traverser les frontières avec plus de passagers, car actuellement seul le TGV à un seul niveau permet de passer d’un pays à l’autre. Ce train est également conforme aux règles d’homologation internationales.
La SNCF a commandé 55 rames lors d’une première tranche ferme, et le premier TGV de cette commande sortira des ateliers belfortains pour être présenté à Paris début juin.
La production est prévue de l’ordre de douze à quinze trains par an. Et nous disposons d’une offre optionnelle de la SNCF concernant quarante nouvelles rames. Tous les assemblages de ces trains RGV 2N2 ainsi que les tests seront effectués à Belfort.
Pourquoi le TGV a-t-il le vent en poupe ?Aujourd’hui, beaucoup de gens préfèrent prendre le TGV plutôt que l’avion, et nous observons un développement très fort du trafic, à tel point que nous allons remplacer les TGV un niveau de la ligne LGV Est (Paris-Strasbourg) par des trains à deux niveaux. Le but est de transporter plus de passagers et d’utiliser moins d’infrastructures, car nous devons laisser libre des sillons pour permettre à tout le monde d’utiliser les lignes, notamment la concurrence.
Nous devons également apporter plus de service aux passagers. Il faut que le train propose des moments où l’on peut se reposer, se divertir ou travailler, avec les nouvelles rames RGV 2N2. Les aménagements intérieurs offriront plus de services. Le train doit offrir le même genre de service qu’au bureau ou à la maison, avec les mêmes connectivités et internet, de manière à communiquer avec l’extérieur comme quand vous êtes à votre bureau.
Quels types d’innovation sont prévus dans le RGV 2N2 ?Par exemple, le RGV 2N2 pourra offrir ces nouveaux services pour être en relations avec l’extérieur. Chaque passager dispose d’un écran sur lequel il pourra lire les temps d’arrivée et les correspondances à bord même du train. Ce système entièrement développé par Alstom Transport est alimenté par un centre « au sol » et affiche les informations en direct.
Est-ce que les prochains TGV vont rouler plus vite ?On sait rouler très vite et on l’a prouvé, notamment avec le record établi le 3 avril 2007, passant de l’ancien record du monde de vitesse sur rail de 515,3 à 574,8 km/h. Nous pouvons rouler en vitesse commerciale à 350 km/h, mais ce n’est pas le but. Le temps de parcours total si l’on passe de 320 km/h à 350 km/h sur un parcours de trois heures n’est pas très rentable. Même les Chinois, qui pensaient rouler à 380 km/h, on fait marche arrière et roulent maintenant à 300 km/h.
Nous sommes les seuls à proposer ce que l’on appelle le « TGV à la française ». Le TGV va chercher les passagers dans les gares et les amène sur les lignes à grande vitesse dans toute la France, comme c’est actuellement le cas à Belfort, mais aussi par exemple à Saint-Malo.
Le TGV reste un moyen de transport d’avenir face à l’avion. Nous emmenons les gens d’un centre-ville à un autre centre-ville. C’est le cas pour les Paris-Marseille, Paris-Bordeaux ou encore Paris-Strasbourg. (NDLR : EasyJet l’a bien compris, puisque six mois avant la mise en service de la LGV Est, la compagnie aérienne a arrêté tous ces vols au départ de Bâle-Mulhouse en direction de Paris).
Comment envisager l’avenir de l’usine de Belfort ?Nous avons une vision positive avec un plan de charge jusqu’à fin 2015 pour Belfort. Notamment avec le RGV 2N2, soit 110 motrices à fabriquer dans le Cité du Lion. Et Belfort est le site historique très important pour Alstom, avec la traction et les systèmes de motrice de trains. Le savoir-faire est aujourd’hui à Belfort et on ne souhaite pas changer ce tissu d’expertise qui est unique en Franche-Comté.
Jérôme Wallut est diplômé de l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile et de l’Insead.
Il débute sa carrière chez Airbus Industrie où il occupe diverses fonctions dans la division après-vente, au sein du département des essais en vol, puis au sein de la direction des programmes et du centre de livraison.
Il rejoint Alstom Transport en 2000 comme directeur des méthodes de management de projets, puis devient directeur des opérations en Asie au sein du département signalisation.
En 2003, il devient directeur «grand compte» pour la RATP et RFF. Il est ensuite vice-président de la joint venture Casco Signaling ltd en Chine.
En 2007, il occupe les fonctions de directeur grand compte pour la SNCF.
En janvier 2010, Jérôme Wallut est nommé directeur général d’Alstom Transport France..