C’est un « tsunami » qui vient de toucher l’organisation des transports urbains à Saint-Etinenne. Dans le cadre des appels d’offres portant sur l’exploitation des lignes affrêtées, les cartes sont redistribuées à l’horizon du 1er juillet prochain. Les principaux changements :
La SRT, une entreprise familiale locale, vient de perdre trois lots, dont les lignes 2, 27 et les extensions des lignes 10 et 14. Une quarantaine de conducteurs sur un effectif de 70 devra quitter la société. Même s’ils obtiennent la quasi certitude d’une réembauche auprès de l’un des gagnants des marchés (l’autorité organisatrice s’est engagée dans ce sens et a exigé des garanties de transfert du personnel), cette situation est extrêmement mal vécue par les salariés de la SRT, qui sont très attachés à leur entreprise du fait de son ancrage purement local et d'une gestion familiale attentive et humaine.
Flouret, autre entreprise familiale, reprend l’intégralité de la ligne 2 (Firminy / St-Jean Bonnefonds) jusque là partagée entre la Stas (70 %), SRT (20 %) et Flouret (10 %). L’autocariste devra recruter une vingtaine de conducteurs supplémentaires.
Enfin Chazot perd la ligne 5 (St Etienne / Rive de Gier) au profit du groupement Caporin / Keolis.
Extraits des articles de presse du quotidien régional « Le Progrès » de ce jour :
Saint-Etienne Métropole est l’autorité organisatrice des transports en commun sur son territoire.
La communauté d’agglomération a lancé l’an dernier un appel d’offres afin d’attribuer ses lignes à différentes sociétés de transports qui les exploitent. Elle a rendu dernièrement sa copie. Le moins que l’on puisse dire, comme souvent dans les appels d’offres, ceux qui n’ont pas été retenus ont du mal à accepter le verdict.
C’est le cas à la société SRT, qui regroupe aussi Trans -Roche et Lux Cars. Cette entreprise qui exploite des lignes régulières, dans la région, depuis plus de 60 ans, jouit d’une renommée sérieuse. Le personnel, 90 personnes dont 70 chauffeurs, est aussi très attaché à l’entreprise.
Le gérant de SRT, Mick Collomb, indique qu’il a été retenu sur deux lots et qu’il en a perdu trois. Dans ses pertes, il cite entre autres les lignes 2 (Firminy/Saint-Jean-Bonnefonds), 27 (Saint-Etienne/Saint-Héand) et les extensions des lignes 10 et 14 (direction Marcenod, Saint-Christo, Fontanès, Valfleury). Des segments attribués à des concurrents à partir du 1 er juillet prochain, pour une durée de cinq ans.
« Nous ne comprenons pas pourquoi nous n’avons pas été retenus. Depuis des décennies nous proposons un service de qualité, avec un personnel expérimenté pouvant faire face à des situations difficiles. De plus il a été fait appel à des entreprises extérieures à l’agglomération qui viendront à vide prendre leur service à Saint-Héand ou Saint-Etienne. Ce n’est pas très logique alors que Saint-Etienne Métropole nous fait la leçon sur le développement durable », souligne Mick Collomb.
Alors, est-ce le coût proposé par SRT qui a été un frein ? « Je n’ose pas le penser, car il y a moins d’1 % d’écart entre notre coût et celui de nos concurrents. Nous avons prouvé notre savoir-faire mais le choix s’est fait sur des promesses faites par nos concurrents », précise Denis Collomb, cogérant de SRT. Le résultat de cet appel d’offres aura des conséquences sur les salariés de cette entreprise. Une quarantaine de chauffeurs devront quitter SRT pour rejoindre les sociétés qui ont obtenu les marchés, comme le prévoit une convention collective. Mais une grande majorité d’entre eux n’est pas prête à changer d’employeur.
Dans le cadre de l’appel d’offres, Flouret Tourisme s’est vu confier la gestion de ligne 2 (Firminy-Saint-Jean-Bonnefonds) là, où ils étaient trois à « rouler » jusqu’alors : la STAS (70 % du trafic), SRT (20 %) et Flouret (10 %). Ce dernier sera donc désormais seul et devra donc forcément monter en puissance tant en nombre de véhicules que de chauffeurs sur cette ligne. « Nous allons reprendre les 5 à 6 chauffeurs de SRT qui évoluent sur cette ligne, mais il nous faudra aussi compenser le personnel de la Stas » souligne Jean-Paul Flouret, l’un des dirigeants de la société éponyme. Cette dernière qui a également obtenu le marché d’un petit lot sur Firminy (ex-Stas) a un besoin urgent de recrutement. « On va rechercher 20 chauffeurs supplémentaires. On reprendra les chauffeurs de SRT qui voudront bien nous rejoindre » a chiffré Jean-Paul Flouret.
Lequel considère donc que les 40 chauffeurs menacés de licenciement chez SRT devraient facilement retrouver preneur. « En théorie, nous n’étions pas obligés de reprendre le personnel touché par la redistribution des lignes. Mais Saint-Etienne Métropole, dans son appel d’offres, avait demandé des garanties dans ce sens. Donc la menace sociale n’existe pas » considère au final Jean-Paul Fouret.
Grand gagnant de l’appel d’offres, Caporins Voyages (groupe Rochette) devrait reprendre entre autres, l’exploitation (en groupement avec Keolis) de la ligne 5 (vallée du Gier) aux Cars Chazot. Pour son dirigeant, Pierre-Jean Rochette, il n’y a pas plus d’inquiétude sur l’emploi. « Bien sûr que nous reprendrons les personnels des entreprises sortantes de l’appel d’offres, sur la base de leurs rémunérations et avantages actuels. C’est notre intérêt ». Un dirigeant qui estime son besoin « d’une quarantaine d’équivalents plein temps déjà sur les deux lignes obtenues en groupement avec Keolis ».
« Toutes les entreprises qui répondent à un appel d’offres sont placées sur un même pied d’égalité. Il a été procédé à 3 tours de table et chacun a eu le temps de juger, de se positionner et de proposer. Nous avons ensuite procédé à un classement où les notes étaient extrêmement proches. Tous les candidats étaient sérieux. Mais la loi des marchés publics est dure et si on n’en accepte pas la règle il ne faut pas s’inscrire à un appel d’offres. Les entreprises défendent leur dossier, elles portent la responsabilité du résultat final et nous nous appliquons la règle. Les entreprises gagnantes ont signé un acte d’engagement et si elles ne le respectaient pas nous avons des recours possibles. Des engagements ont aussi été pris, vis-à-vis des salariés. Nous seront très attentifs à l’aspect humain. »
Les chauffeurs de la SRT n’acceptent pas l’issue de cet appel d’offres. Ils vont le faire savoir demain jeudi en organisant une manifestation, avec 30 cars qui circuleront de 8 h 30 à 11 h 30 dans le centre-ville de Saint-Etienne (voir infographie). Il vaudra donc mieux éviter de circuler dans le secteur.
« Nous avons pris un gros coup de marteau sur la tête et nous sommes inquiets pour nos emplois », lance Patrick Ollagnier délégué syndical FO. « Nous voulons le faire savoir aux élus de Saint-Etienne Métropole en manifestant. Nous demandons une remise à plat de l’appel d’offres pour savoir pourquoi nous avons été recalés. Nous avons de gros doutes sur les promesses faites par nos concurrents à Saint-Etienne Métropole. Pour nous c’est la non-reconnaissance de notre professionnalisme », insiste Patrick Ollagnier, délégué syndical FO. « Cet appel d’offres est inhumain. À la SRT il y a toujours eu du dialogue social qui nous a permis d’obtenir des acquis, notamment un planning à 15 jours ce qui n’est pas le cas ailleurs ».