Tous à Domfront pour rétablir le train de 7h03
200 manifestants se sont réunis, samedi matin, pour que la petite gare de Domfront-en-Champagne retrouve son train de 7h03.
La SNCF supprime, sans effet d'annonce, un arrêt à Domfront-en-Champagne. Bilan : 30 usagers du TER sur le carreau. Du coup, ils étaient 200 manifestants en colère, samedi, en gare.
10h30, samedi. Ils empruntent à pied la petite rue qui descend à la gare de Domfront-en-Champagne (Nord-Sarthe). Il y a des mamies tenant la main de leurs petits-enfants, des trentenaires habitués à prendre le train tous les jours, une bonne partie des conseillers municipaux...
Et d'autres élus solidaires de La Guierche, de Cures, de Fresnay-sur-Sarthe venus en renfort pour soutenir cette grogne.
Que font-ils là (200 personnes au total) regroupés au bord des voies où passent à vitesse grand V des TGV ?
« Nous déplorons le retrait arbitraire par la SNCF et RFF (Réseau ferré de France) de notre train quotidien de 7h03 à partir du 11 décembre », grimace un usager de la ligne TER Laval-Le Mans fidèle au rail depuis trente ans.
Du coup, 30 usagers au quotidien restent sur le carreau ! « Sans parler des enfants obligés de se lever 1/2 heure plus tôt pour se rendre en car (TIS) à la gare de Conlie s'ils veulent arriver à l'heure à leur cours au Mans », déplore une maman. La faute à la SNCF qui siffle l'annulation de ce train sans concertation.
« Nous sommes confrontés à deux logiques qui se télescopent : le service public universel et l'aspect commercial de la SNCF, s'emporte un usager. Plutôt que de faire s'arrêter le TER ici quelques secondes, la SNCF et RFF laissent la place libre à un TGV, plus rentable pour eux », poursuit Willy Colin, une des chevilles ouvrières des usagers en colère.
Ce sont donc 30 personnes qui devront reprendre leur voiture (s'ils en ont une) puisque le train suivant (7h35) les ferait arriver en retard à leur travail ou à leur cours. « Ceci est contradictoire avec des discours incitant à emprunter les transports en commun », ajoutent en choeur les manifestants.
Mettant en avant des travaux sur la ligne Laval-Le Mans, la SNCF promet un rétablissement de ce train le 1er avril. Une promesse que certains voient comme un poisson d'avril...
11h. Patrice Guyomard, le maire, prend la parole : « Le service public se détériore petit à petit. Nous sommes très insatisfaits de ne pas avoir été concertés. Il y a une déconnexion entre les décideurs et nous. » Et un cheminot, non syndiqué, d'enfoncer le clou devant le groupe de manifestants : « Je suis conducteur de train sur cette ligne, et je vous garantis que techniquement c'est possible de rétablir cet arrêt à Domfront dès le 10 décembre. » Comment ? « Il suffit d'établir ce qu'on appelle un avis régional puisque c'est à la Région qu'appartient cette décision. Ça s'est fait à La Guierche il y a deux ans ! »
Reste aux élus et usagers en colère d'intercepter le bon interlocuteur au niveau régional ! « Car même avec cet arrêt à Domfront, on peut rattraper le temps perdu jusqu'au Mans... », insiste le conducteur de train.
Une action des usagers en colère se prépare pour le 1er décembre avec une grève de billets au niveau national.