SNCF : la fin du chantier de la voie Aiguillon-Agen est sur les rails
Les travaux sur la voie Aiguillon-Agen arrivent à leur terme. Des trains pas comme les autres ont assuré le chantierDès la semaine prochaine, le chantier entre Aiguillon et Agen rentre dans sa phase de finition. Après treize semaines de travaux, les machines et les 300 hommes à chasuble orange fluo, employés par la SNCF et les sociétés Meccoli et TSO, vont repartir vers d'autres voies ferrées… dans l'Hexagone. Et les passages à niveau vont se rouvrir les uns après les autres. Cette opération orchestrée par Réseau ferré de France (RFF) a permis de remplacer sur 23 kilomètres une partie des rails et l'intégralité du lit de gravier, appelé ballast.
« Installé dans les années 70, il faut dire que le chemin de fer avait dépassé l'âge de la retraite, situé autour des 40 ans. Ce chantier est un investissement, car l'entretien annuel et le remplacement ponctuel devenaient financièrement trop excessifs », explique Jean-Luc Hyvernaud, chef de projet à la SNCF, le planning des opérations à la main.
Trains usines Depuis le 19 décembre, ce sont de véritables trains-usines qui se sont succédé sur ces quelque 37 km de rail. Le premier, un convoi de 350 mètres de long, déchargeait en continu pendant cinq jours, les rails neufs à côté de la voie.
Puis, au rythme de 300 mètres par heure, une dégarnisseuse - sorte de chenille mécanique - est venue avaler l'épaisse couche de ballast hors d'usage pour faire place nette à la pose des nouveaux rails. Derrière, s'est enchaînée une série de trains qui ont déposé tour à tour plus de 53 500 tonnes des fameux cailloux. Enfin, des ouvriers ont assuré la mise à niveau du ballast et ont calé millimètre par millimètre les rails pour éviter qu'ils se déforment avec le temps. Le fer et le ballast usagé seront recyclés ou serviront pour des voies de service interne à la SNCF.
Piotr et Andrej, deux ouvriers polonais et une poignée de collègues resteront sur place jusqu'au 23 mars, date officielle de fin du chantier. Au programme : remise en place de caténaires, rénovation des passages à niveau et autres travaux complémentaires. Au final, le planning a été respecté, à noter seulement sept jours de retard liés à l'épisode neigeux de février.
Rendre la voie chaque soir Loin d'être anecdotiques, ces travaux s'inscrivent plus globalement dans un vaste projet de rénovation qui concerne la ligne Bordeaux-Sète (de Tonneins à Valence-d'Agen), entamé en 2010 et qui ne doit pas s'achever avant 2016. Pour ce tronçon Aiguillon-Agen, près de 19,8 millions d'euros ont été déboursés par RFF. Et près de 10 % concernent uniquement la mise en place des installations temporaires de contresens (ITCS).
« À l'image d'une circulation alternée pour voitures, cette installation permet de faire circuler plusieurs trains en double sens sur une seule voie », résume Jean-Luc Hyvernaud. Car, en effet, les travaux ferroviaires se déroulent en site ouvert, c'est-à-dire que certains trains continuent à circuler sur la voie attenante durant les travaux. Dès lors un savant jeu de signalisations a été imaginé : limitation de vitesse, signaux sonores et lumineux.
Mieux, les ouvriers travaillent de 9 heures à 17 heures sur la voie Aiguillon-Agen ; en dehors de ce laps de temps, les trains peuvent circuler sur les rails en chantier.
« C'est la beauté de notre métier, car on doit travailler toute la journée et rendre la ligne praticable le soir », se félicite le chef de projet. Pour autant, ce dispositif ne fut pas simple et a occasionné quelques problèmes de retard.
Trafic sur la ligne Aiguillon-Agen : « L'organisation est plus robuste »
Pour les usagers, la fin des travaux signe un retour à la normale de la circulation En journée, les trains étaient limités à 60 km/heure
Début janvier, à la suite des travaux sur la ligne Aiguillon-Agen, les trains ont accusé un retard quotidien jusqu'à vingt minutes.
Le problème ? Selon Jean-Marc Xuereb, responsable des lignes TER, « Réseau Ferré de France n'aurait pas pris en compte la limitation de vitesse dans le calcul des horaires. »
Le cumul des retards s'explique par la mise en place de limitateurs à 60 km/h contre 150 km/h habituellement. Rapidement, des dispositifs ont été mis en place pour aménager les horaires. Malgré ces efforts, de nouveaux problèmes sont venus perturber le trafic. En effet, à plusieurs reprises des restitutions tardives de chantier (après 17 heures) ont obligé de nombreux trains au départ d'Agen à patienter plusieurs minutes avant de pouvoir quitter la gare.
Geste commercialConvoquée il y a quinze jours par le président du Conseil régional, Alain Rousset, la SNCF a depuis mis en place un nouveau plan d'action. « Nous avons fait un effort d'organisation et rendu notre plan de transport plus robuste pour satisfaire la clientèle », se félicite le responsable SNCF.
Mieux, afin de calmer la colère d'usagers de cette ligne, un geste commercial de 40 % a été proposé aux abonnés en début d'année.
Et, avec la fin des travaux prévue d'ici la semaine prochaine, la circulation devrait revenir à la normale. Depuis janvier, afin d'alléger le trafic sur la voie à sens unique, cinq TER et quelques grandes lignes ont été supprimés en journée. Seuls les transports régionaux entre Agen et Marmande ont été remplacés par des bus pour desservir les lignes absentes sur les rails. Ces désagréments devraient vite disparaître. Comme l'explique Christophe Pouchain, chargé de projets RFF. « Cet investissement doit servir à la pérennité des voies, améliorer le confort et la sécurité des voyageurs ».