A la une de Challans Les usagers mécontents du train, sur le quai samedi
Michel Guittoneau et Noëlle Guyon, deux porte-parole des usagers mécontents.
Technologies performantes pour ligne vétuste, les retards des lignes 11 et 12 sont devenus si récurrents qu'une manifestation est prévue samedi, à 11h, à la gare challandaise.
Pourquoi ? Comment ?
À quand remonte le conflit ?
Michel Guittoneau et Noëlle Guyon, deux des mécontents qui sont à l'origine de la mise en place du collectif des usagers des lignes 11 (Saint-Gilles - Nantes) et 12 (Pornic - Nantes), donnent une date : le 13 décembre 2010.
Ce soir-là, le train de 17h23 Nantes - Challans - Saint-Gilles était arrivé avec 1h50 de retard ! La colère n'a rien à voir avec les changements d'horaires de la SNCF intervenus quelques semaines auparavant, plutôt bien acceptés d'ailleurs. L'avantage présenté par la Région : il y aura plus de trains.
Rien ne portait alors à caution, « on trouvait même que ça partait d'un bon sentiment ». Mais les retards s'accumulent, et la « panne de trop », du 13 décembre, a fait boule de neige. Beaucoup d'usagers se sentent pris en otages, certains ont leur emploi menacé par l'employeur si ces retards persistent. Les voix de la colère s'élèvent, si bien qu'une réunion publique finit par se tenir le dernier samedi de février 2011, à la salle des Noues, à Challans. Élus régionaux et locaux sont présents, ceux de RFF (Réseaux ferrés de France) et SNCF aussi. Bonne réunion. La trêve va durer quelques mois, avec une relative amélioration et le remodelage de quelques horaires.
Mais la colère revient au galop en septembre dernier. Noëlle Guyon : « Les pannes de signalisation sont récurrentes. Or, dans ce genre de panne, ça signifie mise en sécurité, donc arrêt, donc retard, souvent un retard conséquent... Et quand ce n'est pas arrêt, au mieux, c'est une circulation à moins de 40 km/h. »
Là, où normalement le train devrait rouler à 140 km/h. « On peut compter les pâquerettes !, poursuit Michel Guittoneau, abonné depuis deux décennies sur cette ligne pour aller à son boulot à Nantes : Mon record : parti à 18h18 de Nantes, je suis arrivé à 23h15 à Challans ».
Une autre réunion publique, avec les mêmes acteurs, a lieu à Machecoul en décembre dernier. Il était temps, « car on avait l'impression que tout le monde s'en fichait ! »
Pourquoi ces retards récurrents ?Parce que cette ligne est « pourrie » ! Le mot a même été employé lors d'une réunion publique par un élu régional. Sous le mot, une explication simple : les infrastructures de cette ligne à voie unique entre Sainte-Pazanne - Saint-Gilles et Sainte-Pazanne - Pornic ne sont en effet plus adaptées, leur vieil âge, 1894, l'expliquant en grande partie !
Cet état de vétusté se révèle d'autant plus que la circulation ferroviaire s'est accrue pour répondre aux nouveaux horaires mis en place en 2010, et que les technologies d'accompagnement sont performantes. Pannes et dysfonctionnements sont désormais à répétitions. Du coup, le système de signalisation de Sainte-Pazanne, noeud de la ligne, n'est pas au point. Réflexion de Michel Guittoneau, la formule imagée : « C'est du matériel ultramoderne du XXIe siècle qu'on installe sur une ligne datant du XIXe siècle. Autant mettre un moteur de Formule 1 sur une deudeuche ! »
Manifester pour demander quoi ?Noëlle Guyon : « tant que le réseau ne sera pas reconstruit, jamais nous n'y circulerons normalement. Car le fait d'y avoir mis plus de train à circuler a fini par tuer cette ligne ». Pannes, retards, allongement du temps de trajets... Michel Guittoneau : « Nous assistons à la dégradation dangereuse et à l'abandon de la voie ferrée. Or rien ne bouge et nous pouvons craindre la fermeture pure et simple de la ligne. Ce qui est inacceptable. »
Mais la reconstruction a un coût : 100 millions euros (1 million au km). Elle est inscrite dans le plan État-Région de 2014 mais pas signée. « En attendant, qu'est-ce qu'on fait ? Nous voulons faire bloc pour la sauvegarde et la modernisation de la ligne ferroviaire. »
À cette manif', samedi 14 avril en gare de Challans, les nombreux mécontents des services ferroviaires devraient être présents ainsi que des élus, tant du Pays de Retz que du Pays maraîchin. Le rendez-vous est prévu à 11h. Noëlle Guyon : « Nous devrions être nombreux. Nous sommes désespérés alors que nous sommes dans une région attractive, retraités, touristes, étudiants, travailleurs... Attractive et de plus en plus peuplée ». Michel Guittoneau : « et on n'aurait plus de train ? »