par Sylvain » 10 Oct 2013 20:36
Pour résumer :
La concertation préalable a débuté hier et va durer jusqu'au 18 novembre
et il est possible d'y laisser son avis en ligne, sur le lien ci-dessus
La concertation porte principalement sur :
• Tracé de la ligne et implantations des stations
• Solution technologique à retenir (téléphérique de type « Télécabine » ou de type « 3S »)
• Services à proposer aux utilisateurs du câble dans les trois stations
• Organisation des déplacements et des transports, en complémentarité de la liaison par câble (intermodalité) sur le plateau du Vercors et dans la polarité Nord-Ouest de l’agglomération grenobloise
• Insertion environnementale
L'investissement mini est de 53 M€ (sans compter les opérations connexes), le fonctionnement est de l'ordre de 3,5 à 4 M€ par an (sans compter le coût des dessertes par autocar qui devront subsister, ni celles de rabattement)
Le planing prévoit une mise en service en 2019.
Voici un extrait de ce que j'ai écrit rapidement (sur le forum rm.net) après avoir lu rapidement le dossier
• l'offre TC actuelle est présentée très très sucintement. Il n'est même pas fait état de l'offre, de fréquentation, de temps de trajet. Il est juste question de "temps d'attente"… pertinent en effet pour vanter l'intérêt d'un transport par câble, mais pas pour décrire une offre de car de cette nature, où on raisonne avec un horaire précis et un nombre de courses.
Voici un peu ce qu'il manque :
- 9 A/R sur la 5100 via Engins, 6 sur la 5110 via Saint-Nizier, pour un jour normal de semaine
- 600 voyages sur la 5100 (300 allers et autant de retours) et 140 voyages (80 allers, 60 retours) sur la 5110, pour un jour normal de semaine. D'après des comptages faits l'année dernière. L'enquête Origine/Destination de 2008 faisait état de 445 montées sur la 5100 via Engins d'une part et 80 sur la 5100 via Saint-Nizier d'autre part, tous sens confondus —la desserte vers le plateau était organisée différement à l'époque—
- temps de trajet : Grenoble-Villard = 1h à 1h05 ; Grenoble-Lans = 43 à 48 min ; Grenoble-Saint-Nizier = 47 minutes. De la gare routière au centre du village. Mais il faut aussi regarder les trajets vers les pôles générateurs de trafic. On a par exemple des liaisons directes encar depuis plusieurs endroits de chaque commune, vers Grenoble gare, Seyssins, Fontaine, le polygone scientifique.
• les estimations de fréquentations : à court terme il est prévu 820000 voyages/an soit une fréquentation moyenne journalière de 2250 voyages. Si je prends ma calculatrice et que je divise les deux, je trouve …365. En gros, la fréquentation moyenne est attendue tous les jours. C'est un peu ce que montre le graphique page 27.
Habituellement, pour une ligne de transport en commun, pour obtenir la fréquentation annuelle, on multiplie la fréquentation journalière (jour normal de semaine) par 200 à 250 environ, c'est l'ordre de grandeur. Par exemple, la ligne A de tram a fait 20,7 millions de voyages par an, et 81000 par jour ouvré. On a donc l'équivalent de 255 jours ouvrés pour faire la fréquentation d'une année. En prenant la ligne 56, une ligne de bus secondaire de typologie bien différente, ces chiffres sont 270000/1110 = 243. Même une ligne comme la 43, qui ne circule qu'aux heures de pointe en semaine pour un usage pendulaire, on a 26000/140 = 185. On reste dans le même ordre de grandeur.
Je n'ai pas de chiffres pour une ligne périurbaine comme l'est la desserte du Vercors, mais ça doit être semblable
La fréquentation attendue compte sur le loisir pour combler les creux pendulaires. En soi, c'est bien. Mais c'est un quand même un pari, je pense. Tout comme l'est l'augmentation de fréquentation par rapport aux cars actuels.
• le paragraphe "temps de parcours" est compétitif… en terme d'économie d'information ! On nous dit que c'est globalement compétitif pour certaines zones bien choisies… et encore surtout pour Saint-Nizier.
Mais rien de quantifié.
Quelles sont les comparaison de temps de parcours en voiture, car actuel, câble ? Pour le car, je l'ai déjà mis au dessus pour la gare. En câble combien ça prend ? On nous le dit pas, mais on peut le calculer :
la ligne fait 4,5 + 5,7 = 10,2 km de Lans à Fontaine. Avec une télécabine à 6 m/s, on le parcourt en 28 minutes… mettons 30 minutes en comptant les départ, arrivée et passage à la gare intermédiaire. En 30 minutes de cars depuis Lans on est… à La Poya ! Il ne faut donc pas espérer de gain de temps brut.
Depuis Saint-Nizier, les 4,5 km sont parcours en 13 minutes. De quoi presque atteindre Seyssins en car. Dans tous les cas, ça dépend où on va. Le car de Saint-Nizier a l'avantage de proposer une correspondance avec le tram ligne C et la ligne A. Par ailleurs, la correspondance câble-tram à La Poya ne sera pas des plus optimales.
Mais encore, ces temps de parcours là sont valables pour ceux qui sont proches de la station du câble. Pour ceux qui habitent un peu plus loin et qui peuvent bénéficier aujourd'hui d'un arrêt de car à proximité, il y aura un temps supplémentaire pour atteindre le point de départ du câble. Et quid d'Engins ?
En fait le câble ne remplacera pas tout, il faudra continuer à avoir des cars.
• la technique : Télécabine ou 3S ? Pas vraiment d'avis. Juste que ça change le budget et fait varier les temps de trajet d'un quart.
• sur les coûts d'investissement, on peut déjà remarquer que le dossier nous laisser faire les calculs pour avoir le total infra + études, voire également les opérations connexes. Une phrase nous précise que ça ne comprend pas les acquisitions foncières et la libération des emprises. Ce n'est peut-être pas encore complètement défini à ce stade du projet, mais on aurait pu avoir des estimations.
Et un total !
Donc minimum 63 M€. L'option 3S, qui pourrait s'avérer en effet plus adaptée vu la difficulté du parcours, c'est 93 M€, dans leur tableau
• les coûts de fonctionnement : on oscille entre 3,5 et 4 M€ par an.
J'essaie de tirer un coût de fonctionnement d'une ligne de car, pour comparer mais c'est pas évident. Je n'ai pas ceux des lignes du Vercors. Alors prenons la ligne phare du réseau Transisère : la ligne Express Voiron-Grenoble-Crolles-Lumbin. En 2009, le marché a été attribué pour 4 ans avec un montant de 1340000 € HT. Soit 3,3M€ par an. Cette ligne, c'est une trentaine d'autocars en circulation sur un linéaire d'une cinquantaine de km, plus de 50 A/R par jour de semaine, un car toutes les 10 minutes en heure de pointe voire moins (jusqu'à un intervalle de 5 minutes), 30 en journée, et qui fait plus de 4000 voyages par jour.
Avec le coût de fonctionnement du câble, on peut financer une ligne comme celle-ci, grosso merdo.
En tous cas il va falloir trouver le pognon car c'est pas tellement avec des économies sur le réseau actuel qu'on va le trouver. Puisque la dépense actuelle est moindre… et qu'il faudra vraisemblablement continuer à en dépenser une partie pour continuer d'assurer les dessertes non satisfaites par le câble (transport des scolaires vers leur établissement, desserte d'Engins, des hameaux du bas de Saint-Nizier, de Pariset et cie. Et il est question d'une desserte de rabattement sur le plateau vers ce câble. Ce n'est pas non plus compris dans ces coûts de fonctionnement.
Bref, des coûts de fonctionnement non-négligeables, quoiqu'on puisse dire sur le caractère économique du transport par câble.
Il faut savoir que ces dernières années, le Conseil général de l'Isère ne réalise d'amélioration de service sur son réseau Transisère qu'à coûts constants, donc en optimisant d'un autre côté. C'est à peu près la même chose côté agglo de Grenoble (SMTC-Métro). Le Vercors n'a pas de compétence transport (autre que la clause de compétence générale dans chaque commune).
On n'a pas encore d'éléments sur les recettes, qui pourraient plus ou moins participer à ce financement. Tout comme l'organisation du rabattement, ce sont des questions présentées comme ouvertes à la concertation. Pour le rabattement, les navettes éventuelles ne feront pas tout, loin de là. Le covoiturage et les modes doux (marche, vélo) devront jouer un rôle.
L'amélioration de la desserte de bus existante avec un investissement —ou plutôt un fonctionnement, ça suffirait— similaire pourrait avoir des résultats tout aussi intéressants, voire plus, et plus adaptés aux besoins.
En tous cas ça doit s'étudier. Cette comparaison n'a visiblement pas été faite, ou en tous cas n'est pas présentée. Alors que c'est une demande, et que c'était un engagement.