Bonsoir Bernard et les autres,
Avec la fin proche de l’actuel contrat, dans un an des choses peuvent changer pour le réseau Irigo. En bien ou en mal ?
La question principale est de disposer d’un exploitant compétent, c’est l’essentiel. Si Kéolis est maintenu, ou si Transdev le remplace, on est à peu près certain qu’il y aura des gens compétents.
Ces deux sociétés sont des industriels du transport public, notamment urbain. Leur expérience est considérable de par leur ancienneté et leurs implantations très nombreuses, dans des configurations très différentes.
Les dirigeants qu'elles délèguent pour exploiter des réseaux se forment continuellement au gré de leurs mutations successives d’un réseau à l’autre, car ils restent rarement fixés dans une même agglomération.
Autres avantages :
– la société-mère apporte un suivi de la gestion ;
- elle permet l'échange d'expériences entre réseaux ;
– elle assure une veille technologique et elle est compétente pour innover.
Mais si on va vers une SPL (société publique locale) ou une régie municipale (plutôt intercommunale en l’occurrence)
rien ne dit que l’agglo recrutera des personnes compétentes dans l’industrie des transports. Sur quelles bases seraient-elles recrutées ? Bien sûr la collectivité pourra engager quelqu'un issu de Transdev ou Kéolis, ou même de CarPostal Suisse SA, mais cette personne sera alors isolée en dehors de la
« communauté » des industriels du transport, dont on peut penser qu'ils n'auront aucune raison
« d'aider » des rivaux qui ne font pas partie de leur sérail.
Et on ne peut exclure l’embauche de gens choisis davantage pour leur compatibilité politique (donc leur docilité) que pour leur compétence technique. Ne resteront-ils pas à demeure, jusqu’à la retraite, sans se former en continu, peu au fait des évolutions de par leur isolement par rapport au milieu industriel des transports ?
Et quel dirigeant de régie osera-t’il dire aux élus s’ils se trompent dans leurs choix ? Sinon sa carrière pourrait en être affectée. Les bénis-oui-oui ne font pas de bons dirigeants car, finalement, ils ne dirigent pas tant que ça.
Il serait rarissime que des élus soient des industriels du transport urbain, suffisamment compétents pour tout imaginer, mettre en place et contrôler ; d'ailleurs il y aurait un conflit d'intérêt et puis prennent-ils seulement le bus ou le tram ? Or, dans une régie, le pouvoir des élus est renforcé. Pour le meilleur, mais c’est rare, comme pour le pire, c’est plus fréquent. Mais c’est surtout la médiocrité qui est à redouter, comme on l’a vu dans plusieurs réseaux de France tenus par une régie et qui, dans les années 80, ont eu recours à Transexel (*) ou à la SCET (**).
Dans Wikipedia on trouve ces critiques au sujet des SPL :
Le principe de l'utilisation des sociétés publiques locales est critiqué, certains y voyant un moyen pour les administrations d'échapper au code des marchés publics et de donner des emplois aux amis du pouvoir. Christian Julienne, président du laboratoire d'idées libéral Héritage et Progrès, écrit ainsi :
« Toutes les grandes villes, les départements et autres vont être naturellement tentés de créer ces sociétés publiques locales pour y mettre les vice-présidents, adjoints, chefs de service et autres amis politiques heureux de devenir entrepreneurs avec l’argent des contribuables et sans se soumettre à la concurrence. […] En outre, le texte lui-même constitue un véritable appel au délit de favoritisme, à la prise illégale d’intérêts et à l’abus de bien social. »
Ce point de vue n'est toutefois partagé que par un petit nombre de personnes, la SPL n'assouplissant pas le régime des outils déjà à la disposition des collectivités locales, comme les EPIC, les SEML, ou encore les associations transparentes. Elles répondent au contraire à une critique sur la non-transparence des SEML quant au choix des partenaires privés actionnaires au capital.
Pour ses défenseurs, la SPL reste un outil privé à disposition d'un pouvoir public et est donc un outil, parmi d'autres, permettant d'éviter l'emploi de fonctionnaires publics pour accomplir des missions de service public.
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_publique_locale
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(*) Transexel, puis Via-Transport, aujourd'hui Keolis
(**) SCET, Société centrale d'équipement du territoire, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, aujourd'hui actionnaire à 70 % de Transdev.