Le Radiobus de Saint-Léonard

[Terminus]

Voici quelques photos de JHM0284 (Jean-Henri Manara, co-auteur avec Nicolas Tellier du livre Autocars, autobus, trolleybus de France, 1950-1980, éditeur Histoire et collections). Ces photos nouvellement mises en ligne sur le site Flickr montrent un radiobus d’Angers. Elles datent de 1977 (Transport-Expo 1977). Sans en être certain je suppose qu’il s’agit d’un bus en attente de livraison à Angers pour la ligne qui était déjà en service depuis l’année précédente. En tout cas il est identique en tous points.

Le Radiobus de Saint-Léonard fut une ligne exploitée à l’époque de la STUDA, elle fut inaugurée en 1976, au début du service d’hiver 1976-1977. La COTRA la supprima le plus vite possible quand elle reprit le réseau d’Angers. La suppression date probablement de 1980 (à confirmer). La ligne était désignée par l’indice Z.

Son principe :

• Exploitation par des microbus Heuliez-Citroën C35 Coyotte (qualifiés par le constructeur de « minibus », voir sur la girouette d'une photo), pouvant circuler sur la rue St-Léonard, étroite, sinueuse, fréquentée et encombrée par le stationnement anarchique, que la présence des deux cliniques St-Joseph et St-Léonard aggravait.
Pour mémoire, la rue St-Léonard n’était plus desservie depuis 1964, soit douze ans plus tôt. Entre 1958 (année probable, à confirmer, de la création de la ligne : la Cité des Plaines date de cette époque) et 1964 elle avait été parcourue par la ligne P (tête de ligne Ralliement — place Lorraine — place du Lycée — rue St-Léonard — St-Léonard-Ballée — chemin de Ballée — rue Parmentier — boulevard Élisée Reclus — terminus partiel Les Plaines — rue Édouard Vaillant — terminus Place Gentric). Les Renault R4211 avaient du mal à circuler dans les rues de cet itinéraire, rue Tarin il fallait même rouler avec les roues droites sur le trottoir ! En 1964, suite à une grande enquête réalisée par les TEA (avec questionnaires que l'on rendait dans une boite à lettres fixée au portillon du conducteur), la ligne P avait été reportée sur l'axe Paul Bert — Madeleine — Justices). Avant 1958 la rue Saint-Léonard n'avait jamais été desservie.

• L’itinéraire initial (prolongé plus tard aux Justices) reliait la place Lorraine (tête de ligne) à St-Léonard, par la rue du Quinconce, la rue Desjardins, la place du Lycée, la rue Célestin Port, la rue St-Léonard, puis une boucle à sens unique empruntant le chemin des Noyers, le chemin de la Maître-École, la rue Gabriel Lecombre, la place de l’église St-Léonard (terminus au début de la rue St-Léonard), la rue St-Léonard , la rue Célestin Port, la place du Lycée, la rue Hanneloup, le boulevard Foch par lequel elle regagnait la place Lorraine.

• Trois autobus la desservaient en principe : un bus qui tournait régulièrement aux 20 minutes, et deux bus en réserve qui attendaient, stationnés en deux points du réseau (*). Les conducteurs attendaient pour se mettre en ligne un appel venant d’une borne située à chaque point d’arrêt du parcours. Côté voyageurs, pour appeler un bus il fallait disposer d’une carte magnétique (peut-être gratuite, à confirmer) : on introduisait cette carte dans une fente de la borne, celle-ci n’étant qu’un téléphone automatique transmettant l’appel du voyageur au poste de commande du réseau. L’agent de régulation envoyait alors un appel radio (**) à son collègue conducteur, qui attendait dans son bus stationné, pour qu’il rejoigne l’arrêt d’où était parti l’appel. Il y avait une borne par arrêt et le vandalisme n'était pas absent : les voyants rouge et vert qui permettaient de savoir si l'appel avait été transmis et reçu n'étaient guère solides.

Ce principe visait à économiser des kilomètres parcourus, mais pas le temps de travail. La ligne de radiobus s'est avérée extrêmement coûteuse à exploiter. Avec la ligne de Petite Ceinture (ligne O) elle était responsable d'une bonne partie du déficit record qui avait conduit le Syndicat Mixte à résilier le contrat avec la STUDA et à recourir à la COTRA. Mais, en plus du Radiobus et de la ligne O, le dernier réseau STUDA était tellement inepte, et dans sa totalité, qu'il ne pouvait pas subsister.

À Saumur il y avait aussi un système analogue de bus avec appels radio par l'intermédiaire de bornes d'appel. Mais au lieu de ne concerner qu'une seule ligne comme à Angers, c'est sur l'ensemble du réseau (trois des quatre lignes : A, B, C, sauf celle de Dampierre, la D) que le principe était appliqué. Néanmoins il y avait une différence essentielle : les bornes n’étaient implantées qu’à certains arrêts : ceux des quartiers très dispersés en population (les bouts de ligne ou des écarts à St-Lambert, Bagneux, St-Hilaire-St-Florent, La Croix-Verte, les Hauts-Quartiers et aussi la partie est de l’île). Il n’y avait pas de bus en attente : les bornes servaient à ajuster l’itinéraire à la demande, en faisant faire à l'autobus régulier des écarts ou des prolongements (tandis qu’à Angers les radiobus ne faisaient aucun écart sur la ligne). À Saumur, on ne cherchait pas à économiser des kilomètres parcourus, mais à étendre la couverture géographique sans création excessive de lignes. À Saumur l’horaire de départ de l'extérieur comme du centre-ville était fixe, mais le temps de parcours était variable en fonction des détours (certains arrêts sur demande), mais les correspondances au point central de la place de la Bilange étaient assurées car l’horaire prévoyait un battement suffisant.

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(*) dont sans doute la place Lorraine (?), à confirmer.
(**) d'où l'appellation « RADIOBUS ».
Certains textes ont été corrigés et complétés depuis l'envoi du message.

http://flickr.com/photos/jhm0284/14045859847/
http://flickr.com/photos/jhm0284/14209232256/
http://flickr.com/photos/jhm0284/14232383095/

[citaro27]

Pendant quelques années à Elbeuf, certains bouts de ligne étaient desservis également par appel via une borne implantée dans un quartier moins peuplé.

[Terminus]

Pendant quelques années à Elbeuf, certains bouts de ligne étaient desservis également par appel via une borne implantée dans un quartier moins peuplé.

Je ne savais pas pour Elbeuf.

À Angers et à Saumur l'équipement d'appel (bornes, cartes magnétiques) était fourni par une société saumuroise, GMA Technique, spécialisée dans la téléphonie et sans doute aussi d'autres applications électroniques.
Le nom commercial du produit était, si je ne me trompe pas, APPELBUS.

Je me demande si GMA n'avait pas équipé au moins un réseau dans le sud de la France.

Le principe d'Angers — des bus en attente d'un appel et s'intercalant entre les circulations d'un bus régulier — était bien moins judicieux que celui de Saumur et Elbeuf : augmentation de la couverture géographique d'une ligne par des écarts.

Sais-tu combien d'années cela a duré à Elbeuf ?

[Lyon-St-Clair]

Wow ! C'est Flexo avant l'heure ce système ! Sauf que le smartphone a remplacé la borne ...