Latil 22 Wrote:Moi je dis que ta photo, Terminus, d'un point de vue bus est peut-être ratée, mais d'un point de vue ambiance, avec les deux personnages du premier plan, est digne de Doisneau![]()
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Merci, ça me console, car des photos ratées, j'en ai plein, bien davantage que de photos réussies. C'est flou ce que mes photos sont floues, en plus d'être mal cadrées et mal exposées.
Le pire, c'est que j'aime la photographie. Au point de m'obstiner jadis à photographier même après le coucher du soleil, avec des diapos à 25 ASA et sans pied ni support.
D'ailleurs, ça fait des années que je ne fais plus de photo, il me faudrait un reflex numérique car je ne peux pas me servir d'un compact sans viseur.
Cette photo avait été prise avec mon premier appareil, extrêmement rudimentaire : pas de mise au point, pas de diaphragme, pas de vitesses, pas de cellule, avancement du film en tournant un bouton et en regardant un repère dans une fenêtre rouge. Mais c'était du 6 x 6…
J'ai nommé : le Kodak Brownie Flash :
http://www.collection-appareils.fr/x/ht ... Flash.html
http://www.appareils-de-collection.com/ ... flash.html
Et quand on passe un négatif ou une diapo au scanner, on comprend sa douleur !
Comme il n'y a plus guère de scanners dédiés aux films — pour ma part j'utilise un scanner mixte à plat, un Epson 4990, une bonne bécane mais un peu floue par rapport à un scanner pour films — je vois dans des forums, notamment Chass'Images, que certains amateurs mordus se servent de leur gros reflex numérique, d'un objectif macro, d'un pied d'agrandisseur et d'une table lumineuse pour numériser leurs dias et négatifs. Et le résultat rivalise avec des scanners à film à 3 000 €. Le plus dur, même avec un scanner, ce sont les négatifs couleurs, à cause du masque orange transparent du support : il fausse toutes les couleurs et demande un gros travail avec des résultats non garantis, voire bizarres. Même les cadors disent qu'ils ont un mal de chien (*).
Pour revenir à l'ambiance de cette photo, c'est sans doute une question de génération, mais dans les années 50-60-70 les villes étaient plus pittoresques et moins abimées, notamment par la bagnole, du moins avant 1965-70. Elles étaient aussi plus animées : moins de bagnoles = plus de piétons, et ce sont les piétons qui font l'animation, même quand ils se placent devant un rare Chausson SC4B de Grenoble avec des portes en 444 et un moteur en saillie.
À Angers, c'est à partir de 1968-69 que l'anneau des boulevards a été élargi et déboisé, en commençant par le boulevard Foch, lequel avait déjà été réaménagé dans les années 50.
Jusqu'à un peu avant 1960 on peut dire que les villes étaient très proches de leur état au début du XXe siècle, et même qu'elles n'étaient sans doute pas fondamentalement différentes de l'aspect que nous en montrent les photos du XIXe siècle.
À partir de 1960 les choses ont changé très vite, en raison des ZUP, du développement de la bagnole, des zones industrielles et commerciales, et aussi de la télé (il y avait 14 cinémas à Angers, à salle unique bien sûr, et 2 à Trélazé).
Ouverture de la séquence nostalgie :
Adieu,
Les immenses trottoirs en terre, à la piste carrelée ;
Les rangées d'arbres majestueux ;
Les bancs publics fondus en 1892 (**), beaux avec des planches raides ;
Les lampadaires exubérants au bonbon de verre suspendu à leur crosse d'évêque ;
Les becs de gaz de la Montée Saint-Maurice, de la place Racine et du Bout du Monde ;
Les vieilles boutiques à la devanture menuisée ;
Les rails de tramway gorgés de goudron qui rayaient la rue d'Alsace, la rue Paul Bert et la place André Leroy ;
Le vrai Père Noël et son âne véritable au rayon des jouets aux Dames de France ;
Les nuages de fumée qui enveloppaient les passants sur les ponts de chemin de fer ;
Le sifflet des locomotives, le pin-pon des autorails ;
Les hauts-parleurs des Gaubourgs qui braillaient dans la nuit sur les voies ;
Les tombereaux à cheval des éboueurs ;
Les autobus Renault R4211 qui hurlaient, montant la rue de la Roë ;
Les silencieuses Sovel, bennes électriques du nettoiement ;
Les lampadaires tout neufs, puissants comme un briquet, qu'on croyait suffire pour lire un journal ;
Les péniches qui peinaient longtemps sous le pont de Verdun contre l'eau de la Maine ;
Les grues électriques du port et leurs sabliers ;
Les boutiques aux téléviseurs enviés et à la foule nocturne regardant le match ;
Les immenses réseaux de trains électriques installés parfois dans les Nouvelles Galeries ;
Les premiers feux tricolores et leurs badauds venus les voir à pied ;
Les bornes Michelin, aux destinations lointaines : Pellouailles-les-Vignes ou Beaucouzé…
Fin de la séquence nostalgie, je me remets en mode normal. Il est temps d'aller se coucher.
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(*) On dirait que c'est une tautologie, non ?
(**) Ou peut-être en 1896.