Cette dame pourrait peut-être nous apprendre s'il y a eu (ce que je ne crois guère) des receveurs ambulants dans les premiers bus (Citroën C6, Renault ZY…, Latil, 215D). C'est ce qui m'a toujours fâché à Angers : alors que presque toutes les villes exploitaient leurs bus avec deux agents jusque vers 1965-1970, Angers était une des rares villes de France à un seul agent, avec Rennes (*), Lorient (?), Besançon (?), Bordeaux et quelques autres, mais il y a quand même eu à Bordeaux des receveurs dans les premiers temps, notamment sur les 215D. Dans les autres villes, quand je prenais un bus à deux agents, je trouvais que ça faisait autrement plus sérieux, et ça avait de la gueule : monter à l'arrière et payer au passage au receveur, ça me paraissait classieux. À Angers seuls les trams ont eu des receveurs et des receveuses.
Un de mes voisins m'assure que la mère d'un de ses copains d'école à Condorcet était receveuse, à Angers, sur les bus de la ligne Génie – Place Ney, et que parfois à la récré ils allaient la voir passer dans son bus. Son souvenir doit se situer pendant la 2e guerre. Mais l'école Condorcet n'a pas de grille sur la rue Létanduère, alors je doute. Une autre personne croit se souvenir de receveurs à bord des bus d'Angers, mais ne confond-elle pas avec les trams ?
Toujours est-il qu'à la suppression du dernier tram (ligne de Trélazé) le 30 avril 1949, il y a eu un licenciement massif : dans le Courrier de l'Ouest du 30/04/1949, un article dit que sur 62 agents à la Compagnie des tramways, le projet est d'en licencier la moitié, mais que le nombre de personnes licenciées est finalement réduit à 29. Ce qui faisait donc 33 personnes restantes, pour desservir environ 100 000 habitants de l'agglomération d'Angers ! À cette époque la Cie des tramways était dans une très mauvaise passe, elle a failli fermer le réseau (**) ; au conseil municipal d'Angers, un conseiller propose même la suppression de l'exploitation, mais le reste du conseil souhaite maintenir la concession.
J'ai retrouvé, aux archives départementales, le Courrier de l'Ouest du 27/12/1948, où figurent les horaires du réseau au 29/12/1948, juste après le remplacement des trams des Ponts-de-Cé par des autobus, mais avec encore la dernière ligne de tram pour Trélazé. Le service était famélique ! Le réseau était constitué de 6 lignes seulement, 1 de trams, 5 de bus :
- Ralliement – Trélazé (trams) : environ 25 départs du centre par jour (± 12 pour Trélazé, ± 25 jusqu'à La Pyramide, ± 30 jusqu'aux Justices),
- Ralliement - Ponts-de-Cé (Mairie) – Érigné : environ 22 départs du centre par jour (11 jusqu'à Érigné, 20 jusqu'à la mairie des Ponts-de-Cé, 22 jusqu'au dépôt rue de Villesicard),
- ligne II (Génie – Ralliement – Place Ney), la meilleure ligne urbaine, avait environ 35 passages par jour et par sens,
- ligne III (Rte de Paris – Ralliement – Rte de Nantes), environ 27 passages par jour et par sens (***),
- Ralliement – Pignerolles (il y avait une cité d'urgence dans le parc du château), 4 bus par jour (2 le matin, 1 vers midi, 1 le soir),
- Ralliement – Ste-Gemmes : 1 seul aller-retour quotidien (départ le matin de Ste-Gemmes, retour le soir).
En une journée, seuls 175 départs, environ, étaient assurés à partir du Ralliement.
(*) Un agent de maîtrise de Rennes m'avait dit qu'à la fin des tramways de Rennes quelques receveuses avaient fait la recette sur des autobus, en attendant leur retraite. Mais ça demande à être confirmé.
(**) Je crois que ça s'est effectivement passé à Orléans (?).
(***) Route de Paris = Brisepotière actuel, Route de Nantes = Montesquieu actuel)