Turin, cherche partenaire financier pour son entreprise de transport urbain
La ville de Turin, qui sera un des invités d'honneur du salon européen de la mobilité qui se tient à Paris du 5 au 7 juin, veut céder au privé 49% de GTT (Gruppo Torinese Trasporti), l'entreprise de transport public qui transporte 190 millions de passagers par an et dont elle possède actuellement l'intégralité du capital. Elle va lancer un appel d'offres pour trouver un candidat d'ici la fin de l'année.Ce mouvement de privatisation des opérateurs italien, est une des solutions trouvée par le gouvernement italien pour tenter d’assainir les finances des sociétés municipales de transport public. C’est ainsi que Ratp dev est entré, en mars 2009, au capital de l’opérateur qui gère le réseau de Modène et a failli faire de même à Gênes, avant de reculer tant le contexte économique italien est difficile. Concernant le réseau de Turin, les dirigeants de Ratp dev nous ont confié qu’ils n’étaient pas intéressés par une prise de participation minoritaire au capital.
Pour faire face à la crise, Turin comme les autres réseaux italiens, a dû se résoudre en début d’année à une très forte hausse de ses tarifs. Le prix du ticket unitaire est passé le 1er février de 1 euros à 1,50 euros soit 50% d’augmentation ! Les abonnements ont subi une augmentation moindre, inversement proportionnelle à leur durée. La plus faible hausse (7% tout de même) a été appliquée aux abonnements annuels. "Notre objectif est de remonter à un ratio R/D (ndlr recettes sur dépenses) de 40%", explique Roberto Cambursano, directeur commercial et marketing de GTT. En d’autres termes augmenter la participation des clients au coût réel du transport pour compenser en partie la baisse des subventions de l’Etat italien. Actuellement cette participation n’est que de 35%.
5500 employés, 160 millions de voyagesContrairement à la France qui a une ressource affectée au fonctionnement des transports publics des agglomérations - le versement transport, taxe perçue sur les entreprises - les sociétés municipales italiennes ne vivent que grâce aux subventions que leur verse les régions qui elles-mêmes reçoivent de l’argent de l’Etat. Comme ce dernier a fermé les robinets l’effet domino se répercute jusqu’aux entreprises municipales. "Le Piémont n’a plus assez d’argent pour honorer ses engagements" déplore Roberto Cambursano.
GTT emploie 5500 employés, ce qui en fait, selon Roberto Cambusano, "le premier employeur de Turin". L’entreprise opère huit lignes de tramway et 220 km de voies, le plus gros réseau italien après Milan ; quatre-vingt lignes de bus urbains (1000 autobus) et suburbains et une ligne de métro automatique léger, le Val de Siemens. S’y ajoute, un réseau extra urbain qui dessert la région autour de Turin (300 bus) et deux lignes ferroviaires, dont celle reliant la gare centrale à l’aéroport. "Ces lignes ferroviaires vont être mises en appel d’offre par la région du Piémont", indique Robert Cambusano.
Le prix du stationnement doublePour éviter que les hausses des tarifs du transport public n’incitent les turinois à utiliser un peu plus leur voiture, GTT, qui exploite les parkings de surface du centre historique pour le compte de la ville, a doublé le prix du stationnement, passant le tarif horaire dans l’hypercentre de 1,30 euros à 2,50 euros. Avec un résultat mitigé : "Cette augmentation a eu un effet nul sur nos recettes car elle a entrainé une certaine désaffection du centre-ville par les automobilistes" déplore Roberto Cambursano, qui évite soigneusement de parler du niveau de fraude…
Quant à l’effet de la hausse des tarifs des transports publics il est encore un peu tôt pour en juger. GTT a lancé des campagnes de communications auprès des turinois pour expliquer qu’il est plus économique d’acheter des abonnements.
La ville de Turin est l’invitée d’honneur du salon européen de la mobilité, qui se tiendra à Paris Porte de Versailles du 5 au 7 juin 2012. L'occasion, peut être pour les élus de la ville, de nouer des contacts avec d'éventuels partenaires financiers.
Le Val Turinois se prolonge et innove Inaugurée en 2006 à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver, la ligne du Val de Turin, qui a été prolongée de 3,9 km en 2011, déroule ses 13, 5 km selon un axe nord-ouest/sud-est. Malgré les difficultés financières de l’Etat Italien, les travaux d’un nouveau prolongement et de deux stations supplémentaires vont débuter dans quelques mois. Ouverture prévue dans trois ans.
Sur cette ligne Siemens teste plusieurs innovations qui pourront être déployés ensuite sur d’autres lignes de Val. C’est le cas d’un système de comptage de passagers par vidéo, développé en partenariat avec la société Vanaheim et d’une solution d’optimisation de la consommation électrique, qui permet de récupérer automatiquement l’énergie électrique produite au moment du freinage par une autre rame du réseau en phase accélération.